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COURS 1       Préhistoire

 


L’Art est une histoire de formes…

 

Les formes : un inventaire

 

En 1856, l'architecte décorateur britannique Owen Jones fait paraître The Grammar of ornement (La Grammaire de l'ornement), avec pour but de fournir un catalogue de motifs aux artistes, en établissant une typologie stylistique à vocation pédagogique. En 2022, des étudiant·es de l'atelier de Communication graphique de la HEAR s'emparent de l'exemplaire de la Grammaire de l'ornement conservé à la Bibliothèque des musées et proposent à quatre graphistes de la revisiter tout en définissant leur rapport à ce type de source historique. La publication se présente sous forme de quatre affiches pliées proposant chacune au recto une composition graphique originale de chacun·e des graphistes (Na Kim, Patrick Lindsay, Fanette Mellier, Ivan Murit) et au verso un entretien avec l'artiste et des rapprochements formels entre ses travaux et des détails de la Grammaire.  à ce n’est pas qu’une affaire de graphistes et de graphisme…

 

 l’artiste va mettre en place des dispositifs symboliques puissants qui rendront lisible « universellement » son propos. En réalité, ne le fait-il pas depuis le Paléolithique en apposant ses mains – le plus souvent en négatif – sur des parois rupestres ? Ces traces manifestes de la présence de l’homme sont des symboles d’une portée incontestable. Mains bienveillantes et pansantes ou mains destructrices, c’est souvent à travers le récit individuel que les mémoires collectives se figurent.
à Aussi, le corps, qui plus est la main, tient une place importante dans cette histoire. C’est là l’empreinte laissée, la preuve…

 

 

INTRO

 

Ce sont des artistes novateurs comme Van Gogh, Cézanne, Picasso, Matisse qui nous ont fait comprendre que se libérer des formes classiques c’est retrouver nos racines et par là, nous plonger jusqu’à la préhistoire…

 

Pour les occidentaux, la découverte des arts préhistorique fut donc une régénération créatrice. Même si ce terme nous est propre, on est souvent saisi par la « beauté » des œuvres, et fasciné par la suggestion d’une société où l’on dégage du temps pour de telles activités « culturelles », ce qui peut dénoter une relative abondance !

En considérant ces nouvelles données et en lisant les écrits de Harari, cela suggère une vie en société plus riche qu’il  n’y paraissait.

 

Même si chaque « clan » a des habitudes de vie, mais aussi de pensée, différentes, il y a plusieurs grandes caractéristiques que les cavernes et l’Art pariétal vont faire surgir :

1/ c’est un Art qui vient du Corps et du Geste,

2/ que les outils et les matières amènent le rythme par la main qui est à la fois outil et sujet,

3/ que le Feu apporte la possibilité d’éclairer les parois, de créer des ombres et de mieux distinguer les formes. Le Feu c’est aussi le charbon de bois qui sera le 1er crayon pour les artistes.

 

Une manière de faire perdurer les formes de notre corps

 

Une forme c’est d’abord une architecture, mais c’est également un mouvement, du rythme.

Je vous demande cette année un effort surhumain : ne regarder que les formes !

 

Cela semble tout bête et facile…rien n’est moins vrai.

En y réfléchissant, notre regard n’est jamais neutre, il est la résultante de notre culture, de notre histoire, de nos acquis, et cela malgré nous. Nos savoirs, nos expériences, mais aussi nos préjugés nous biaisent ce regard. Je vous demande de garder cela en mémoire pour plus vous concentrer sur les formes.

 

Généralement l’artiste comme ses commentateurs évoquent la forme comme un « concept flou », on va essayer d’y faire entrer quelques notions plus précises : comme le dessin, les personnages, les couleurs, le style, le thème…tout cela pour trouver le cœur de l’œuvre : ses formes 

 

Pour notre civilisation tout paraît commencer dans la Grèce antique ou les formes sont doriques, simples, austères. C’est un temps où règne la spiritualité, on est au temps des mythes et des héros, les valeurs y sont rigides, elles envoient les marginaux comme Socrate a la mort, car ce qui importe c’est l’union de la cité. Seule la croyance et le mythe importent, il n’y a aucune place pour l’individu.

 

35 Colonne dorique   sculpture dorique

 

Les formes sont un héritage des cavernes, mais aussi des premières grandes civilisations du Tigre et de l’Euphrate, avec pour résultat des formes géométriques simples et des matières basiques, la pierre et le bois. L’idole n’est pas encore tout à fait un Dieu.

 

Le mouvement vers plus de légèreté et de réalité va venir des îles, avec la statue Ionienne, qui va offrir des arrondis plus sensuels…

 

35 Statue ionienne

 

L’histoire des formes va être jalonnée par cette bascule cyclique entre ordre moral, raideur, classicisme et d’autre part sensualité, audace et nouvelles formes. Cet antagonisme sera un moteur puissant pour les avancées de l’Art.

 

Il y a aussi quelque chose qui ressort du sexe ou du genre dans cet affrontement entre l’homme dorien et la femme ionienne…

 

Mais nous n’en sommes pas là…

 

 

 

 

Chapitre 1     

 

De mystérieux débuts

 

L’art est effectivement né au début du Paléolithique supérieur, il y a environ 35 000 ans avec les premiers Hommes anatomiquement modernes, Homo sapiens. On retrouve quelques rares indices de pensée ou de comportements symboliques durant les périodes antérieures, notamment au cours du Paléolithique moyen (300 000 à 35 000 ans avant notre ère). Avec les sépultures chez Néandertal, l’usage de matières premières lithiques exceptionnelles, comme le jaspe ou le cristal de roche, l’emploi de colorants noirs et rouges, la collecte de fossiles ou de curiosités naturelles, et enfin quelques gravures non figuratives sur pierres ou sur os constituent, avec les parures les plus simples, l’essentiel des pratiques supposées symboliques des prédécesseurs des hommes modernes. Mais c’est bien au Paléolithique supérieur (40 000 à 12 000 ans avant notre ère) que l’art s’inscrit durablement sur la pierre et l’os.

Si l’Homme de Neandertal confectionne des parures avec des dents ou des coquillages perforés, s’il réserve une sépulture à ses défunts, Homo sapiens investit par l’image peinte et gravée, abstraite et figurative, les parois des grottes (Chauvet par exemple dès 36 000 ans) et par la sculpture nombre de petits objets en pierre et en ivoire de mammouth (Vogelherd en Allemagne).

 

  • Les objets du quotidien des hommes modernes comme les armes ou les outils se couvrent peu à peu de représentations figuratives (humains et animaux) et géométriques (signes) dont la dimension est tout autant décorative que symbolique. Alors que les images des grottes sont immobilisées sur les parois, le mobilier peut circuler largement sur de longues distances. Au même titre que d’autres matières premières, il pénètre ainsi les réseaux de communications et d’échanges sociaux et économiques.

Enfin l’art préhistorique n’est pas que graphique et plastique. Des os creux perforés (flûtes et sifflets), des rhombes et d’autres instruments prouvent que les premiers hommes modernes pratiquaient la musique. Quant à savoir depuis quand l’Homme danse, c’est plus difficile !

 

 

L’art pariétal, chronologie et datation

 

L’art pariétal n’a pas été immédiatement reconnu. Sa présence au fond des grottes donc invisible de l’extérieur intriguait les premiers chercheurs. Ces représentations ont été réalisées hier par un intriguant ou il y a 10 000, 20 000, 30 000 ans par les premiers Hommes préhistoriques. Le manque de possibilité techniques pour dater les oeuvres pariétales était un véritable blocage pour la recherche. Heureusement les découvertes se multiplient, et les grottes gravées ou peintes sont une réalité qu’il est impossible d’ignorer. De plus certaines cavités sont totalement obstruées par des sédiments contenant des ossements et des fossiles qui prouvent simplement que les ornements sont antérieurs aux dépôts préhistoriques…

 

Dans les grottes ornées du Paléolithique les premiers « artistes » ne se sont pas exprimé qu’avec la peinture. Ils ont utilisés plusieurs techniques individuellement ou simultanément. Ainsi certaines représentations ont d’abord été gravées avant d’être peintes. D’autre œuvres sont carrément sculptées dans la parois en bas-relief et démontrent une maîtrise impressionnante de cette technique artistique. Parfois la main est l’unique outil qui va s’imprimer sur la paroi après l’avoir ensuite de colorant. Mais la main peut également servir de « crayon » pour créer des volutes, des figures dans la terre ou le woolmich. Encore plus rare il existe des cas ou le préhistorique a modelé l’argile pour faire émerger une forme…

 

Marc Azèma résume le savoir-faire de l’art des cavernes : « Pour représenter un motif, figuratif ou abstrait, les artistes paléolithiques ont employé la gravure, la peinture ou la sculpture – et dans bien des cas combiné les trois – et profité des possibilités offertes par la texture et la forme des parois et des sols.

 

Un art très technique, tout sauf improvisé !
Dans le documentaire Homo sapiens, on voit un homme préhistorique prendre un morceau de charbon de bois et dessiner, sur la roche, les contours d’un animal, presque par hasard…
Dans la réalité, on peut supposer que tout acte artistique devait nécessiter une certaine préparation :
– chercher le minéral avec la bonne couleur (manganèse, limonite…) parfois sur plusieurs kilomètres
– le broyer et le mélanger (eau, salive…) dans un godet ensuite pour obtenir une matière « étalable »
– fabriquer éventuellement une sorte de pinceau ou de tampon pour appliquer la peinture
– choisir et tailler la bonne pierre pour graver la roche,
– préparer son éclairage portatif (lampe à graisse, torche…) afin de pouvoir progresser dans les cavités.
Bref , un vrai « travail » réfléchi, pensé et organisé… qui n’est pas forcément l’oeuvre d’un homme mais peut également avoir été réalisé par une femme… Pour la préhistorienne Marylène Patou-Mathis il n’existe « aucune preuve que les femmes n’aient pas peint la grotte de Lascaux ! »  

 

1/ La gravure

Pour graver, les hominidés utilisaient une pierre, du bois dur, un morceau d’os…
La gravure, très répandue, va de la trace fine laissée par la pointe d’un burin de silex, à des incisions plus profondes dessinant vigoureusement les contours. Dans certains sites, des enlèvements de matière importants font apparaître de véritables bas-reliefs. La multiplication des incisions fines donne des contours plus flous mais plus vivants. Des raclages faisant apparaître une teinte plus claire sous la surface de la roche sont employés pour produire, en réserve, des effets de couleur et de volume. Le trait gravé, même simple et fin, est surtout perceptible par la différence de couleur qu’il produit, différence qui devait être encore plus vive au Paléolithique. De ce fait, la trace gravée est, en quelque sorte, une trace colorée. Enfin, il n’est pas rare de voir gravures et peintures associées dans une même figure. Le piquetage, fréquent dans l’art rupestre néolithique, est rare au Paléolithique.
En 2000 ,une nouvelle grotte ornée fut découverte dans le Périgord : la grotte de Cussac. Exceptionnelle, elle est constituée à plus de 90% de gravures, et fait rarissime des sépultures y ont également été trouvées.
Néandertal auteur de gravures ?
En 2014, des traits gravés ont été découverts dans la grotte de Gorham (Gibraltar). Ils sont datés de – 39 000 ans et attribués aux Néandertaliens. En 2023 c’est dans la grotte de la Roche-Cotard que des néandertaliens ont effectués des tracés sur les parois il y a plus de 57 000 ans .
Egalement en Espagne : la grotte Font-Major a délivré de nombreuses gravures qui ont fait l’objet d’une publication en 2020.

 

 

2/ La sculpture

 

Des entailles profondes dans la roche
Comme sortant de la paroi, certaines représentations sont tellement en relief que l’on peut presque parler de sculpture. A force d’enlever des fragments de roches, le sujet, physiquement détouré, apparaît en relief. Cette technique est employée pour des frises de plusieurs mètres comme celle, monumentale, de l’Abri du Cap Blanc où les chevaux et les bisons sont de grande taille. Au Roc-de-Sers, la paroi présentait une frise de chevaux, bouquetins et bisons, qui s’est malheureusement effondrée et brisée en plusieurs morceaux. A Angles-sur-Anglin, Randall White indique, en parlant du site du Roc-aux-Sorciers, « la paroi présentait une dizaine de sculptures en bas-relief et des gravures réparties en plusieurs frises disctintes... »

 

 

3/ Le modelage

 

 une technique rarissime…

Le modelage était aussi un procédé connu. Malheureusement, les œuvres modelées en argile crue sont très fragiles. Une seule d’entre elles nous est parvenue en bon état de conservation : les bisons du Tuc d’Audoubert.
On peut également évoquer, dans la grotte de Montespan, un avant-train animal non identifié ainsi que la silhouette massive d’un ours.
Dans de rares grottes, comme à Niaux ou Bedeilhac, des figures ont été dessinées dans l’argile, au sol, et modelées/effacées par le temps.

 

 

 

 

4/ La peinture

 

Le mode d’expression le plus connu du grand public
La peinture fait appel à deux pigments : noir et ocre. Le noir est constitué soit par du charbon de bois (genévrier ou pin) ou plus rarement d’os, soit par de l’oxyde de manganèse (Grotte de Lascaux). Les ocres sont des argiles dont la teinte naturelle varie du rouge au brun-jaune en fonction de leur teneur en oxyde de fer (hématite, limonite) mais peut également être modifiée par chauffage. Le bleu et le vert ne sont pas encore connus. Les teintes de base, mariées avec la couleur du support, sont employées seules ou sont associées (polychromie).
Marc Groenen indique « Les couleurs utilisées pour l’art pariétal comprennent pour l’essentiel le rouge et le noir. On relève toutefois plus exceptionnellement du jaune et du violet, en particulier dans les sites de la corniche Cantabrique, ainsi que du blanc et du bistre.« 

Peinture au Pinceau au paléolithique ? 

L’application se faisait avec des sortes de crayons d’ocre dont plusieurs exemplaires ont été retrouvés, mais aussi avec des morceaux de charbon de bois. L’application à l’aide d’un pinceau végétal est probable ou possible mais n’est pas attestée. La main trempée dans la préparation pigmentée permettait de réaliser des empreintes, comme les mains positives (Grotte de Gargas), ou de gros points, comme dans la grotte Chauvet.
Deux modes d’application sont assez particuliers au Paléolithique : de gros points juxtaposés forment parfois un contour ou, mieux encore, une silhouette complète. Plus originale est la technique du soufflé. L’ocre préalablement mâchonnée est soufflée avec la bouche directement sur la paroi. Ce procédé, décrit par le préhistorien Michel Lorblanchet, permet de peindre sur des supports irréguliers, d’obtenir des tons dégradés et même des contours nets lorsqu’il est combiné avec la technique du pochoir. Les mains négatives sont réalisées par ce procédé, tout comme les chevaux pommelés de Pech Merle.
Les figures ainsi produites sont parfois limitées à de simples silhouettes mais assez souvent l’aplat est entièrement coloré en estompage.
Qu’il s’agisse de gravure ou de peinture, un procédé assez spécifique à l’art paléolithique reste employé de façon tout à fait courante : l’utilisation des reliefs naturels. Un élément naturel, fissure ou mouvement de la roche, est intégré à la figure lui donnant plus de relief ou de présence .

Bisons polychromes – Grotte d’Altamira en Espagne. Photo Neekoo pour Hominides.comBouquetin – Peinture pariétale – Grotte de Niaux – Photo Neekoo pour Ho

 

 

 

Chercher le primitif en nous

  • Exp 1  Le magique existe encore : prenons l’image d’une personne existante et vivante, et avec une aiguille, tentons de lui percer les yeux…difficile, quelque chose nous retient…même si nous savons que l’acte est sans conséquence, une force retient notre main. C’est une peur enfouit en nous, qui date du temps de la « pensée magique ».

 

C’est sans doute (on ignore beaucoup) le rôle des images pariétales, que de servir à une utilité sociétale qui passait par le biais de la magie. Tous les hommes et femmes d’une même tribu savent alors la signification des formes et des couleurs produites sur les parois de la caverne. A priori, on ne doit pas attendre d’eux la nouveauté, mais plutôt la fidèle reproduction des codes.

 

Cependant durant les siècles obscurs passées à se réfugier dans les cavités, il va y avoir nécessairement des évolutions dues a minima à la découverte de nouveaux matériaux, de nouveaux outils et de nouvelles techniques.

 

  • Exp 2 Prenons une feuille de papier pour y griffonner un bonhomme :

 

Sur le 1er dessin représentez les yeux la bouche et le nez par des points (ou des ronds).

Sur le 2ème dessin remplacez les points par des barres horizontales. 

Sur le 3ème dessin remplacez les barres par des croix.

 

Vous noterez que ces simples changements apportent déjà des expressions différentes, et que des formes simplistes peuvent donner des représentations variées.

 

C’est toute la symbolique qui s’exprime dans les masques primitifs : Peur, Joie, Guerre, Fête, Mort, Naissance…

 

La Forme et la Matière c’est comme « l’œuf et la poule », qui en premier ?

 

Philosophiquement, la matière est inerte, amorphe, aveugle et donc peu visible, du moins tant qu’une forme ne lui est pas « adjointe ».

 

Pour kant et Hegel, l’œuvre d’art est un point d’équilibre entre une réalité sensible et une pensée pure !

 

Dans le cadre primitif, il est évident qu’il ne s’agit pas réellement d’œuvre d’art car la pensée pure n’est pas encore présente, il n’existe qu’une pensée magique. Nous ne sommes pas encore dans le monde des images, mais déjà dans celui des symboles.

 

Pour les primitifs le matériau utilisé relève peu d’un choix, mais d’une nécessité.

 

Le développement du Colonialisme aura eu au moins le bénéfice de faire connaître des masses d’objets de toute provenance…ces objets furent d’abord assemblés sans tenir compte de leur contexte mythologique, économique ou religieux. Kandinsky parle d’artistes purs, tandis d’autres sont stupéfaits par « l’art nègre » (Picasso, André Breton), tandis que l’Orient passionne déjà depuis presque un siècle les élites occidentales. Ces vagues, ces modes vont ouvrir à de nouvelles formes, à de nouveaux matériaux, à de nouvelles techniques : c’est le retour du bois, de la céramique…

 

C’est aussi le retour à des matières simples qui remontent aux cavernes et aux huttes : la terre, la paille, la pierre.

 

 

On peut dater de « l’art pariétal » en Europe à l’arrivée des hommes de Cro-Magnon (ou homo sapiens) vers –45.000 .

 

01 La matière utilisée à la Grotte de Lascaux sont des pigments (de la terre fortement teintée pour les ocres et du charbon pour les noirs, et parfois de la craie pour les blancs, mélangée à de l’eau.

 

01 Ces premières formes de l’art sont celles des animaux qui les entouraient (taureaux, chevaux, cerfs, mais aussi félins).

 

Mais il n’y a pas que l’art pariétal, en ces temps, les sépultures nous permettent de retrouver les traces des premières sculptures et comme dans le cas de la Dame de Brassempouy, il s’agit d’une tête de femme qui remonte à environ -20.000, elles sont faites de silex et d’os. Certes stylisées, ces représentations sont déjà remarquables par leur précision, à l’aune des outils dont ces tribus ou clans disposaient.

 

 

Les Formes primitives :

 

01, 1 Les rondeurs qui expriment la promesse d’opulence autant pour la fertilité que pour la nourriture. La forme ronde est rassurante, elle permet de se projeter autant par les enfants que par une vie où l’on mange bien et où le lendemain n’est pas trop préoccupant.

 

3a Les pointes, stries, lignes droites et effilées qui sont synonymes de vitesse, de force, d’audace, de projets plus guerriers, plus violents

 

3 Les Mains sont des formes naturelles, de simples impressions, mais aussi des traces de vie,  comme des témoignages de notre passage sur terre.

 

 

Les thématiques

 

à Globalement, les thèmes sont plus animal qu’humain, on y retrouvera même le lion qui vivait dans nos contrées jusqu’à 2000 ans avant JC,

 

à Les Vénus jouaient un rôle très particulier, à la fois rituel et fertilité, sexe et maternité.

 

La « Joconde » de ces temps reculés est sans nul doute cette dame à la capuche, aussi nommée « Dame de Brassempouy » sculptée avec minutie dans de l’ivoire de mammouth, matériau pourtant si difficile à « travailler ». Comme tant d’autres Vénus, celle-ci a été cassée, ce qui est bien le signe d’un usage rituel…comme un meurtre symbolique durant une cérémonie.

Cette « Vénus » est estimée à – 25.000 ans, elle est taillée dans une défense de mammouth. Elle est remarquable par son réalisme. Comme pour toutes ces œuvres on ne sera sans doute jamais si il s’agit – d’une représentation idéalisée de la femme – d’une figure religieuse – ou d’une œuvre d’art.

 

Certaines Vénus ont même une forme de losange comme la Vénus de Lespugue, ce qui peut également signifier d’autres fonctions rituels : plusieurs formes = plusieurs fonctions. Cette figurine a par contre des formes exagérées : seins pendants et volumineux, des hanches larges et des fesses proéminentes. Ce qui est également notable c’est la présence d’une jupe, composée de fibres torsadées, qui serait la plus ancienne apparition d’un travail de filage et de tissage.

 

Le changement de matière peut également des fonctions radicalement différentes. Celles en terre cuite ne sont pas destinées à être abimées, et leur facture habile les destine à un rôle plus « esthétique », c’est cette transition qui va nous amener vers les statues antiques de Grèce.

 

 

Les Techniques

 

techniques de peinture

Certaines peintures ont été réalisées au pinceau. Les poils du pinceau pouvaient être fabriqués avec du crin d'animal, des poils et même des matières végétales telles que des feuilles ou des tiges. Les peintures peuvent être monochromes, bichromes ou polychromes (grotte de Lascaux).

Des peintures ont été faites au doigt enduit de peinture, comme dans la grotte de Covalanas9 (Cantabrie).

Enfin, la technique du soufflé (ou crachis) était utilisée pour tracer des contours (chevaux ponctués de la grotte du Pech Merle), remplir une surface (grotte de Lascaux) ou faire des mains négatives (grottes de Gargas). Un pochoir délimitait la zone à remplir puis avec un outil creux (os, roseau) ou la bouche, la peinture était expulsée sur le support.

 

 

Techniques de gravure

Les gravures par incision de la paroi, plus ou moins profondes, sont effectuées avec un outil en silex. C'est la technique de gravure la plus répandue.

Des gravures sont également réalisées par piquetage : la roche est martelée avec un morceau de roche dure.

Des gravures au doigt sur l'argile molle des parois sont aussi connues dans certaines grottes : plafond des hiéroglyphes de la grotte du Pech Merle par exemple.

 

Des Styles ou pas ?

 

Le primitif un art enfantin ou sans influences

 

Diverses théories ont été avancées pour tenter d'expliquer l'art pariétal paléolithique.

Nicholas Humphrey (1998) note que de nombreuses caractéristiques de l'art aurignacien et magdalénien européen, de style très réaliste (notamment par opposition aux figures de plus en plus stylisées des faciès culturels suivants), se retrouvent dans l'art produit par des artistes autistes de talent, certains d'entre eux très jeunes. Il met ainsi côte à côte des figures célèbres de l'art préhistorique et les dessins sur les mêmes thèmes d'une jeune autiste de 3 ans 1/2 à 6 ans (panneau des chevaux de la grotte Chauvet, celui de Lascaux, un bison de Chauvet, un mammouth de Pech Merle…) ; il montre aussi une superposition de chevaux dessinée par la jeune enfant à 6 ans, dont le fouillis, « recherché » sans l'être, est étonnamment similaire à nombre de célèbres ensembles préhistoriques. Il y voit comme trait commun l'absence d'intention autre que le plaisir du beau, et suggère que la volonté d'expliquer / d'intellectualiser fait perdre sa fraîcheur au réalisme.

 

« Art des ténèbres » lorsqu'il est pratiqué dans des grottes profondes, l'art pariétal nécessite un éclairage adapté : torche enduite de résine enflammée, lampe à graisse.

De nombreuses traces charbonneuses sur les parois sont des mouchures (ou mouchetures) résultant du ravivage de la flamme des torche en retirant leur partie carbonisée qui asphyxie la flamme11. Deux techniques de mouchage sont proposées : mouchage classique par écrasement ponctuel et ou étiré avec ou sans chute de charbons, mouchage par frottement (détachement des mouchures), soit naturellement lors de mouvements, soit volontairement par choc avec un objet tenu de la main libre ou par contre-coup.

En 2013, une hypothèse a été proposée par deux amateurs (un artiste et un professeur de médecine) pour expliquer les techniques utilisées par les artistes du Paléolithique pour réaliser leurs œuvres en fonction de l'éclairage. Selon les auteurs, ils auraient utilisé des statuettes dont l'ombre projetée sur les parois des grottes permettrait de dessiner la silhouette. Cette hypothèse controversée repose sur l'affirmation selon laquelle des silhouettes seraient identiques dans une même grotte, ou sur une absence de détails tels que les yeux des animaux figurés. Les détracteurs estiment que les auteurs de cette théorie méconnaissent les grottes, l’évolution des peintures pariétales et les dernières recherches, et vont jusqu'à parler de charlatanisme.

Le monde antique:  Mésopotamie / Egypte

Chapitre 2

 

Les hommes vivent et meurent sur la terre depuis plus d’un million d’années, mais l’écriture n’existe que depuis 5 500 ans…


C’est en Mésopotamie (littéralement “le pays entre les fleuves), quelque part en bordure du Tigre ou de l’Euphrate, que l’écriture est apparue pour la première fois.
Il y a 5 000 ans, coexistent de part et d’autre du Tigre deux civilisations : la civilisation sumérienne, entre le Tigre et l’Euphrate, et la civilisation proto-élamite, à l’est du Tigre, dont la capitale est Suse (Iran actuel). Organisées sous l’autorité d’un souverain, les populations sont urbanisées et composées d’administrateurs, de marchands, d’artisans, de paysans et de bergers qui pratiquent des échanges, administratifs ou commerciaux.
C’est sans doute la nécessité ressentie par les hommes de conserver la trace de leurs échanges qui est à l’origine de l’invention de l’écriture. Ce sont les Sumériens qui perfectionnent le système. Les Élamites ne vont pas au-delà de leurs propres pictogrammes et empruntent plus tard le modèle sumérien pour noter leur langue.

 

 

Qu’est-ce que l’écriture ?

 

C’est d’abord un système de signes graphiques. Mais dessiner ce n’est pas encore écrire. Pour devenir une écriture, ce système de signes doit entretenir avec une ou plusieurs langues une relation codifiée. L’écriture utilise des supports très variés, pierre, argile, papyrus, papier microfilm ou supports électroniques, pour transmettre des messages à travers le temps et l’espace.

L’écriture naît plusieurs fois :

 

  • elle apparaît presque simultanément en Égypte et en Mésopotamie dans la seconde moitié du 4e millénaire avant J.-C.

  • Les idéogrammes chinois naissent plus tardivement, aux alentours de 1500 avant J.-C.

  • En Méso-Amérique, chez les Olmèques, les plus anciens vestiges d’écriture semblent remonter au début du 2e millénaire avant J.-C.

  • Enfin, dans la vallée de l’Indus, l’écriture est attestée au 2e millénaire sur de nombreux sceaux, sans que les pictogrammes qui la constituent aient pu être déchiffrés.

 

L’aventure des écritures est une aventure sans fin. Ainsi, en Afrique de l’Ouest, le 19e siècle a vu fleurir près de dix nouvelles écritures.

L’écriture n’est pas une invention technique comme une autre. Par elle les hommes détiennent un pouvoir nouveau, celui de transcender l’espace et le temps, celui de voir la parole. Ils peuvent désormais écrire leur propre histoire. C’est pourquoi elle apparaît au travers des récits mythiques comme chargée d’une énergie divine.

Veinures des pierres et des feuilles, laves pétrifiées, écorce des arbres, strates des roches, fossiles, taches sur le pelage d’animaux, ombres mouvantes au coucher du soleil, vol des oiseaux dans le ciel, trajectoire des étoiles, vision de ses propres traces sur le sol boueux ou enneigé, volutes de fumée, anomalie du foie d’un mouton...
Éphémères ou figés, autant de messages énigmatiques dont l’homme a cherché à extraire du sens, autant de signes qu’il a appris à lire bien avant de se risquer à produire ses propres messages, avant de tracer ses premiers caractères d’écriture.

 

 

Ville et écriture semblent liées

 

Urbanisation au Néolithique

 

La période Néolithique s'accompagne d'un modèle de subsistance des groupes humains fondé sur l'agriculture et l'élevage. Cela implique une progressive sédentarisation. Des constructions durables apparaissent alors avec l'invention de l'irrigation, de l'écriture et la spécialisation du travail. L'archéologue australien Vere Gordon Childe utilise le premier les termes de "révolution néolithique" et "révolution urbaine" pour désigner cette période.

Les premières villes importantes connues grâce à des fouilles archéologiques apparaissent à la fin du Néolithique. Celles de la culture de Cucuteni-Trypillia à partir de la fin du Ve millénaire avant notre ère, en Ukraine, Roumanie et Moldavie, sont d'une ampleur sans précédent. Ces villes pouvaient atteindre plus de 15 000 habitants et couvrir plusieurs kilomètres carrés, elles avaient déjà un urbanisme très planifié et organisé, en plan elliptique concentrique.

Les premières villes fleurissent dans le courant du Néolithique, lorsque l'homme pratique l'agriculture et peut peupler certaines régions avec une plus grande densité de populations et dégager des excédants commerciaux sur les productions alimentaires, qui vont permettre de faire vivre des populations d'artisans spécialisés dans des villes, puis des dirigeants avec leurs serviteurs, leurs fonctionnaires et leurs armées, vivant d’impôts prélevés dans les campagnes. La découverte de Tell Zeidan, au Nord de la Syrie en 2010 relance ce débat3. Un tell est une colline artificielle formée par les ruines d'un village antique. Cette cité serait apparue entre 5500 et 4000 avant J.C. On a retrouvé sur le site les traces d'un artisanat de luxe, de réseaux d'échanges et d'un urbanisme monumental.

On trouve à la fin du Néolithique, en Europe, des cités lacustres, construites en bord de lac et parfois érigées sur pilotis. On peut citer les sites du lac de Chalain dans le Jura4, de Bevais et d'Auvernier à Neuchâtel. Les apports des fouilles archéologiques permettent de découvrir les sites d'anciennes cités et d'en étudier les caractéristiques.

 

Urbanisation antique

 

Les grandes villes apparaissent ensuite dans l'Antiquité ancienne entre 3500 et 1500 av. J.-C. dans les régions fertiles et limoneuses de Mésopotamie comprises entre le Tigre et l'Euphrate (Uruk), aujourd'hui l'Irak, puis en Syrie, en Égypte, dans les vallées du Nil et du Jourdain, de la vallée de l'Indus (Mohenjo-daro) et du Yangzi Jiang. Il s'agit d'une véritable « révolution urbaine » réalisée non pas par une incorporation progression de traits urbains dans le village mais d'une fondation de ville, ou sa refondation à partie d'un village : les villes sont créées non en fonction de ressources ou de climat favorables mais elles sont initialement consacrées à une divinité ou à un héros5,6. Le phénomène urbain en Grèce ou en Italie, lorsque plusieurs villages se réunissent en une seule cité, s'appelle synœcisme.

Les fouilles de l'ancienne cité mésopotamienne d'Uruk, située sur les bords de l'Euphrate, mettent au jour une véritable cité état. On a retrouvé la trace d'un ziggurat, de routes commerciales vers l'Iran et l'Anatolie et d'indices de spécialisations dans l'administration et l'artisanat. Pascal Butterlin évoque à propos d'Uruk "un paradigme incomplet". Il manque à cette cité, selon lui, une dimension symbolique de la ville, d'idéologie d'état.

Certains chercheurs voient en Solnitsata, une ville européenne datant de 4700 à 4200 ans avant Jésus-Christ8, la plus ancienne ville d'Europe connue à l'heure actuelle.

 

 

 

 

L’écriture naît à la croisée de deux pratiques :

 

àUne pratique du dessin s’appliquant à reproduire d’une manière schématisée les objets et les êtres de l’univers sumérien (épis, bœuf, chèvre, pain, roi…).

àUne pratique comptable substituant aux objets à compter des petits jetons en pierre ou en argile affectés d’une valeur convenue.


Lorsqu’on imagine de remplacer ces jetons, ou calculi, par les dessins de ce qu’ils représentent, l’écriture est née, c’est-à-dire un système d’environ un millier de caractères clairement identifiables. Sa première fonction est donc de faciliter l’enregistrement des transactions commerciales à une époque de grande prospérité économique (l’invention récente de la roue venait de dynamiser les échanges en Mésopotamie).
Il s’agit primitivement d’une “écriture de choses”. On trace sur de petites tablettes d’argile humide, au moyen d’un roseau taillé en pointe, des signes pictogrammes permettant d’identifier l’objet évoqué grâce à sa ressemblance avec ce qu’il désigne. Le scribe les tient dans sa main et écrit en colonnes de haut en bas et de droite à gauche. Cette écriture de choses devient progressivement une “écriture de mots”, sous l’effet d’une évolution technique. En effet, la demande augmentant, le scribe se met à utiliser des tablettes plus grandes qu’il fait reposer sur son avant-bras : il est ainsi amené à faire pivoter les signes d’un quart de tour vers la gauche et à écrire horizontalement et de gauche à droite.
Les pictogrammes primitifs perdent alors leur caractère réaliste et cette première abstraction favorise sans doute l’utilisation phonétique du signe, substituant à l’écriture de mots, l’“écriture du son”. Cela permet de diminuer le nombre de caractères (près d’un millier au départ), le même signe pouvant servir à désigner plusieurs objets différents dotés de la même valeur phonétique : ainsi, par exemple, le pictogramme de la flèche  sert-il à désigner aussi la vie.
Dans une langue où de nombreux mots sont monosyllabiques, les homophonies abondent, rendant souvent difficile le choix du bon sens du mot, d’autant plus que le même signe peut, par extension, désigner des objets proches mais de prononciation différente.

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Ainsi le signe de l’étoile désignait aussi le dieu (dingir) et par extension le ciel (an).
Ceci explique la nécessité qui s’impose alors aux scribes d’inventer de nouveaux signes “classificatoires” pour aider à l’interprétation, mais aussi l’utilité de recourir, parallèlement à l’inscription des signes, à une transcription phonétique permettant de choisir le sens.
Ce pas de géant franchi, il n’a fallu que peu de siècles pour que l’écriture cunéiforme conquière toutes les capacités d’un système désormais propre à servir d’exacte doublure du parler, et à en matérialiser toutes les nuances.

 

Les systèmes d'écritures ont été précédés par des proto-écritures, des systèmes de symboles idéographiques ou mnémoniques. Les exemples les plus connus sont :

L'invention des premiers systèmes d'écriture est à peu près contemporaine du début de l'Âge du bronze à la fin du Néolithique. L'écriture cunéiforme archaïque des Sumériens et les hiéroglyphes égyptiens sont généralement considérés comme étant les premiers systèmes d'écriture, ayant tous deux émergés de leur systèmes de symboles ancestraux respectifs entre 3400 et 3200 av. J.-C., avec des premiers textes cohérents à partir de 2600 av. J.-C. Il est généralement admis que l'écriture sumérienne fut une invention indépendante ; cependant, on débat encore pour savoir si l'écriture égyptienne s'est développée de manière complètement indépendante de celle de Sumer ou si elle est un exemple de diffusion culturelle.

 

 

L’écriture cunéiforme

Les caractères cunéiformes sont appelés ainsi en raison de leur ressemblance avec des clous, du latin cuneus : les scribes, en effet, utilisaient l’extrémité d’un roseau taillé en biais et s’en servaient comme d’une sorte de tampon à imprimer ; le dessin obtenu ressemblait effectivement à un clou.
C’est à Sumer, semble-t-il, que naît l’écriture, première grande matrice encyclopédique permettant le stockage des informations et leur diffusion toujours plus vaste. Pratiquée dans tout l’Orient durant trois millénaires avant J.-C., l’écriture cunéiforme sert à transcrire de nombreuses langues : le sumérien, l’akkadien, l’assyrien, le babylonien, l’araméen, le hittite et l’ourartéen notamment.
L’écriture cunéiforme permet de transcrire rituels et hymnes religieux, formules divinatoires et aussi ce qu’il est convenu aujourd’hui d’appeler “littérature”, dont la célèbre épopée de Gilgamesh, dont on a retrouvé des fragments à Ninive, sur l’emplacement de l’ancienne bibliothèque du roi assyrien Assurbanipal (669-627 avant J.-C.). Aussi longtemps que les Sumériens vivent en paix avec les Akkadiens, en Mésopotamie (Sumériens au sud, Akkadiens au nord), l’écriture cunéiforme sert à transcrire le sumérien. Mais très vite, les Akkadiens dominent l’ensemble de la Mésopotamie ; et, à partir de l’an 2 000 avant J.-C., l’akkadien devient l’unique langue parlée tandis que le sumérien joue le rôle d’une langue sacrée (un peu comme le latin en Occident).

 

Inana et Dumuzi

 

 

L'écriture cunéiforme représente l'aboutissement de l'évolution des signes en Mésopotamie. Lors du premier stade de l'écriture, le graphisme est linéaire, formé de droites et de courbes selon les objets représentés. Mais les signes se déforment rapidement, ils se stylisent et perdent toute ressemblance avec l'objet dessiné primitivement. Ce phénomène a pour cause le support employé, l'argile fraîche, qui rend difficile la reproduction de courbes : elles sont remplacées par des droites imprimées au moyen d'un calame de roseau taillé en biseau, produisant une incision en forme de coin.

D'autre part, vers 2400 av. J.-C., le sens de lecture se modifie, les signes effectuant un quart de tour vers la gauche. Cette graphie horizontale se lit alors en ligne de gauche à droite. Renversés, les signes deviennent moins expressifs et se prêtent à une systématisation. Ces cinq objets illustrent cette évolution, à l'exemple du signe du roi.

 

  • La Mésopotamie a non seulement permis grâce à l’invention de l’écriture de développer des systèmes de signes repris dans l’Art mais l’écriture a permis la création par la symbolique et donc la fiction…

Les œuvres écrites, sculptées ou peintes vont alors décrire et raconter des histoires comprenant plusieurs personnages qui seront de plus en plus héroïques et dont les aventures vont à leur tour façonner la mentalité.

 

 

 

 

 

Egypte, un art tourné vers la mort ou plutôt le « passage »

 

 

Cette version « Dorienne », mâle, rude voire ébauchée, aux formes simples, aux matières élémentaires. Mais ce style, cette tendance n’est pas une création pure du monde grec.

C’est un autre Art, venu d’Egypte, plus archaïsant, et c’est un art hiératique, en ce sens qu’il possède de nombreuses règles figées qui remontent au Vème millénaire avant JC :

 

  • Les personnages assis on les mains sur le les genoux,

  • les femmes ont un teint plus clair que les hommes

  • le Dieu Horus a une tête de faucon,

  • Anubis a une tête de chacal, etc

 

Ce qui fascine Platon dans cet Art Égyptien, c’est la manière de représenter les choses et les êtres. Ce qui compte, ce n’est pas que ce soit beau, mais que ce soit complet !

D’où les Egyptiens adoptent un angle qui présente l’objet ou le personnage sur le plus de faces possibles, sans tenir compte de l’apparence.

 

  • Exemple de la peinture du jardin

 

L'artiste égyptien veut tout montrer ne rater aucun élément être complet plutôt que respecter l'apparence.

 

Toute représentation, dans l'art égyptien, est caractérisée, en général, par une certaine idée d'« ordre » : des lignes claires associées à des formes simples, et des aplats de couleur quand il y en a. Mais des nuances sont parfois bien visibles.

 

Les jardins de l'Égypte ancienne ont probablement commencé comme de simples vergers et potagers, irrigués par l'eau du Nil. Au fur et à mesure que le pays s'enrichissait, ils se sont transformés en jardins d'agrément avec des fleurs, des étangs et des vallées d'arbres fruitiers et d'ombre. Les temples, les palais et les résidences privées avaient leurs propres jardins, et des modèles de jardins étaient parfois placés dans les tombes pour que leurs propriétaires puissent en profiter dans l'au-delà.

 

Les gravures et dessins dans les pyramides ou les temples d’Egypte antique représentent toujours de profil les personnes importantes, tels les pharaons. 

A l’époque, en effet, les artistes ne cherchaient pas à réaliser le croquis le plus réaliste possible, mais davantage à respecter les critères religieux alors en vigueur. Leur but : montrer aux dieux le corps de leurs modèles dans leur ensemble. Chaque membre était donc reproduit sous l’angle qui permettait de le voir au mieux.

 

La symétrie égyptienne

Cela ne veut pas dire que les Égyptiens n'avaient aucun sens de la beauté esthétique. Même les hiéroglyphes égyptiens étaient écrits dans un souci d'esthétique. Une phrase hiéroglyphique pouvait être écrite de gauche à droite ou de droite à gauche, de haut en bas ou de bas en haut, en fonction de l'impact de son choix sur la beauté de l'œuvre finale. En d'autres termes, toute œuvre devait être belle, mais la motivation pour créer était axée sur un objectif pratique: la fonction. Malgré cela, l'art égyptien est constamment admiré pour sa beauté, et ce en raison de la valeur que les anciens Égyptiens accordaient à la symétrie.

L'équilibre parfait de l'art égyptien reflète la valeur culturelle de Maât (l’harmonie) qui était au cœur de la civilisation. Maât n'était pas seulement l'ordre universel et social, mais le tissu même de la création qui vit le jour lorsque les dieux créèrent l'univers ordonné à partir du chaos indifférencié. Le concept d'unité, d'unicité, était ce «chaos», mais les dieux introduisirent la dualité - la nuit et le jour, la femme et l'homme, l'obscurité et la lumière - et cette dualité était régulée par Maât.

C'est pour cette raison que les temples égyptiens, les palais, les maisons et les jardins, les statues et les peintures, les chevalières et les amulettes furent tous créés dans un souci d'équilibre et reflètent tous la valeur de la symétrie. Les Égyptiens croyaient que leur terre avait été créée à l'image du monde des dieux, et que lorsqu'une personne mourait, elle se rendait dans un paradis qu'elle trouvait tout à fait familier. Lorsqu'un obélisque égyptien était fabriqué, il était toujours créé et dressé avec un jumeau identique et ces deux obélisques étaient considérés comme des reflets divins, fabriqués au même moment, dans le pays des dieux. Les cours des temples étaient disposées de manière à refléter la création, Maât, Heka (la magie) et l'au-delà avec la même symétrie parfaite que celle initiée par les dieux lors de la création. L'art reflétait la perfection des dieux tout en servant un objectif pratique au quotidien.

 

Le hiéroglyphe utilisé pour transcrire les différents termes de cette racine hémou (± « art ») représente le foret de silex lesté qui servait à creuser les vases de pierre au cours de la Préhistoire, en Égypte : un travail de spécialiste producteur de signes de prestige, déposés dans les tombes, des « super-vases », incassables-éternels, ou, peut-être, des images de vases, pour l'au-delà.

Indice que certains grands imagiers étaient considérés comme exceptionnels : un prêtre et scribe savant signa - à plusieurs reprises - le décor d'une tombe qu'il avait été invité à « inscrire », en gravant : « Le scribe des écrits divins, ce n'est pas quelqu'un qui appartient à la catégorie des « scribes de formes ». C'est son cœur (soit son intelligence) qui l'a conduit lui-même, sans qu'un supérieur ne lui ait donné de directive. ». Il y a donc bien des noms d'artistes, reconnus comme tels, inscrits sur certains monuments.

Le sculpteur en ronde-bosse était désigné comme « celui qui fait vivre », celui qui donne vie au bois, à l'ivoire, comme à la pierre la plus dure par la magie de son art. Cette aptitude à donner vie sera aussi celle attribuée au sculpteur par les Grecs, comme déjà chez Homère avec la figure d'Héphaïstos, capable de donner la vie à une statue d'Hermès.

 

L'expression égyptienne pour désigner le dessinateur, « scribe des contours », traduit le fait qu'il n'y avait pas de distinction claire entre écriture et image. Suivant l'expression concise de Luc Delvaux, « le scribe dessine l'écrit, et le dessinateur écrit l'image35. »

 

Musiciennes et danseuses. Tombe de NebamonXVIIIe dynastie. British Museum

Dans l'Égypte antique la peinture est d'abord un dessin, qui est éventuellement mis en couleur par des coloristes ; le dessinateur se fait rarement peintre. Plus généralement, le dessin est la source commune des autres arts ; sous forme de plan, d'esquisse, de grille, il est fondamental.

Le dessin en Égypte ancienne est régi par des codes, comme le canon classique ou l'usage de la frontalité. Le réalisme visuel lui est totalement étranger. « Leur but [aux dessinateurs] est de ne pas cacher ce qui est essentiel à la scène telle que leur esprit la conçoit et veut la faire revivre. » D'ailleurs le matériel est le même : l'encre et les pinceaux ou le calame, une palette pour les deux couleurs : rouge et noir, les dessinateurs et peintres disposent de palettes d'un plus grand nombre de couleurs (le mélange pigment eau se faisant dans des godets creusés dans la palette de bois). Le dessinateur broie le pigment (noir de carbone et ocre rouge ou d'oxyde de fer) puis le mêle à un liant de gomme végétale (probablement (?) gomme arabique) ce qui donne de petits pains de couleur qui seront fondus dans l'eau du godet.

En principe, le dessin représente toujours les visages de profil. Cependant la frontalité (le corps vu de face) s'applique dans certains cas : d'abord aux animaux, pour en souligner la fougue, l'énergie dans la vitesse, le regard aiguisé. Mais le visage humain peut être montré de face : traditionnellement, celui des ennemis. Exceptionnellement, ce peut être celui d'un prêtre qui se distingue par son acuité visuelle, comme le prêtre astronome. Et dans un groupe de musiciennes de la XVIIIe dynastie (actuellement au British Museum), deux d'entre elles ont le visage de face, ce qui pourrait indiquer un lien entre ces musiciennes et la déesse Hathor. Les égyptiens utilisent le profil comme ce que l'on peut observer dans l'art grec antique. Par contre, à la fin de l'Antiquité, l'Égypte romaine s'ouvre à de nouvelles techniques, et la frontalité peut s'appliquer alors au défunt.

En termes de couleur, il existe aussi des codes. L'exemple le plus frappant, à nos yeux, est celui qui distingue (comme en Grèce), dans la représentation du couple, le corps de la femme [appartenant à l'élite], qui est généralement en clair (jaune pâle) alors que celui de l'homme est brun. Mais, en principe, tous les corps humains du peuple, et ceux des divinités égyptiennes anthropomorphes sont bruns.

 

 

Progression historique

L'art égyptien est l'histoire de l'élite, de la classe dirigeante. Durant la plupart des périodes historiques de l'Égypte, les personnes aux moyens plus modestes ne pouvaient pas s'offrir le luxe d'œuvres d'art pour raconter leur histoire et c'est en grande partie grâce à l'art égyptien que l'histoire de la civilisation fut connue. Les tombes, les peintures funéraires, les inscriptions, les temples et même la majeure partie de la littérature sont consacrés à la vie de la classe supérieure et ce n'est qu'en racontant ces histoires que l'on révèle celles des classes inférieures. Ce paradigme était déjà établi avant l'histoire écrite de la culture. L'art commence à la période pré-dynastique en Égypte (6000 - 3150 av. JC environ) avec des dessins rupestres et des céramiques, mais il se matérialise pleinement au début de la période dynastique (3150 - 2613 av. JC environ) avec la célèbre palette de Narmer.

 La palette de Narmer (3150 av. JC environ) est une plaque cérémonielle à deux côtés en pierre de limon, sculptée de façon complexe avec des scènes de l'unification de la Haute et de la Basse-Égypte par le roi Narmer. L'importance de la symétrie est évidente dans la composition qui présente les têtes de quatre taureaux (un symbole de pouvoir) au sommet de chaque côté et une représentation équilibrée des personnages qui racontent l'histoire. L'œuvre est considérée comme un chef-d'œuvre de l'art du début de la période dynastique et montre à quel point les artistes égyptiens étaient sophistiqués à cette époque.

 

Pendant l'Ancien Empire (2613 - 2181 av. JC environ), l'art fut standardisé par l'élite et les figures étaient produites de manière uniforme pour refléter les goûts de la capitale à Memphis. La statuaire de la fin de la période dynastique précoce et du début de l'Ancien Empire est remarquablement similaire, bien que d'autres formes d'art (peinture et écriture) soient plus sophistiquées dans l'Ancien Empire. Les plus grandes œuvres d'art de l'Ancien Empire sont les pyramides et le Grand Sphinx de Gizeh, qui se dressent encore aujourd'hui, mais des monuments plus modestes furent créés avec la même précision et la même beauté. L'art et l'architecture de l'Ancien Empire étaient en fait très appréciés par les Égyptiens des époques suivantes. Certains souverains et des nobles (comme Khâemouaset quatrième fils de Ramsès II)

 

L'art s'épanouit pendant le Moyen Empire (2040 - 1782 av. JC), qui est généralement considéré comme le point culminant de la culture égyptienne. C'est à cette époque que les statues colossales 16 virent le jour, ainsi que le grand temple de Karnak à Thèbes. L'idéalisme des représentations de l'Ancien Empire dans les statues et la peinture est remplacé par des représentations réalistes et les classes inférieures sont également représentées plus souvent dans l'art qu'auparavant. Le Moyen Empire cède la place à la deuxième période intermédiaire de l'Égypte (1782 - 1570 av. JC environ) au cours de laquelle les Hyksos tiennent de vastes zones de la région du Delta tandis que les Nubiens empiètent sur le sud. L'art de cette période produit à Thèbes conserve les caractéristiques du Moyen Empire tandis que celui des Nubiens et des Hyksos - qui admiraient et copiaient tous les deux l'art égyptien - diffère en taille, en qualité et en technique.

 

Le Nouvel Empire (1570 - 1069 av. JC environ), qui suivit, est la période la plus connue de l'histoire de l'Égypte et il généra certaines des plus belles et des plus célèbres œuvres d'art. Le buste de Néfertiti et le masque mortuaire en or de Toutankhamon proviennent tous les deux de cette époque. L'art du Nouvel Empire est défini par une vision et une technique de haute qualité due en grande partie à l'interaction de l'Égypte avec les cultures voisines. C’était l'époque de l'empire égyptien et les techniques de travail du métal des Hittites - qui étaient désormais considérés comme des alliés, voire des égaux - influencèrent grandement la production d'objets funéraires, d'armes et d'autres œuvres d'art.

 

Après le Nouvel Empire, la troisième période intermédiaire (1069 - 525 av. JC environ) et la période tardive de l'Égypte ancienne (525 - 332 av. JC) tentèrent, avec plus ou moins de succès, de maintenir le niveau élevé de l'art du Nouvel Empire tout en évoquant les styles de l'Ancien Empire dans un effort pour retrouver la stature déclinante de l'Égypte. L'influence perse de la période tardive fut remplacée par un penchant grec pendant la dynastie ptolémaïque (323 - 30 av. JC), qui tente également de suggérer les normes de l'Ancien Empire avec la technique du Nouvel Empire. Ce paradigme persiste jusqu'à l'Égypte romaine (30 av. JC - 646 ap. JC) et la fin de la culture égyptienne.

 

Ailleurs

 

Un débat similaire existe pour l'écriture chinoise, qui s'est développée autour de 1200 av. J.-C. Il s'agit probablement d'une invention indépendante, parce que rien ne prouve qu'il y ait pu avoir un quelconque contact ente la Chine et les civilisations lettrées du Proche-Orient, et aussi à cause des différences entre les approches mésopotamienne et chinoise à la logographie et à la représentation phonétique.

Les systèmes d'écriture mésoaméricains (qui comprennent entre autres les écritures des Olmèques et des Mayas sont supposés avoir des origines indépendantes.

Un système d'écriture hiéroglyphique utilisé par les Micmacs, qui fut observé par les missionnaires des XVIIe siècle, XVIIIe siècle et XIXe siècle, est supposé s'être développé indépendamment. Cependant, il y a un débat pour savoir s'il y eut un système complètement formé ou juste une série de pictogrammes mnémoniques.

On pense que la première écriture alphabétique consonnantale est apparue avant 2000 av. J.-C., pour représenter le langage développé par les tribus sémites de la péninsule du Sinaï (voir Histoire de l'alphabet). La plupart des autres alphabets du monde aujourd'hui descendent de cette innovation, la plupart via l'alphabet phénicien ou furent directement inspirés par ce dernier.

Le premier véritable alphabet est l'alphabet grec qui représente les voyelles depuis 800 av. J.-C. L'alphabet latin, un descendant direct, est de loin le système d'écriture le plus utilisé dans le monde aujourd'hui.

 

 

 

 

TP    Le Scribe accroupi 

 

 

Question1 : Il remonterai à une période entre 2600 et 2300 avant JC…les ouvriers du chantier de fouilles qui l’ont découvert ont été stupéfié et parfois terrorisé…pourquoi ?

 

 

Question2 : Qu’est-ce qui distingue cette sculpture des œuvres égyptiennes habituelles?

 

 

 

  • La technique des yeux (ou LdeV n’a rien inventé)

 

 

L’Atelier Scribe…

 

Inscrire son nom égyptien dans un cartouche

Chapitre 3

 

Le temps des héros

 

 

En Grèce, la statuaire va jouer un rôle mythique pour le culte des grands hommes, le culte des héros.

Il ne s’agit pas seulement d’en conserver la mémoire, mais aussi et surtout de remplir des fonctions d’édification, d’éducation.

 

A cette époque, au niveau des formes, il va être surtout question de perfection, celle de donner une exceptionnelle apparence de vie. (Praxitèle : Aphrodite, Hermès portant le jeune Dyonisos)

 

22 Pline nous rapporte que Lysippe (-350) était un grand maître pour la chevelure. Et la description de Pline nous pose la question : qu’est-ce qu’une imitation réussie ?

Chez Lysippe le principal travail ne repose pas sur une simple vérité mais sur « l’impression d’être » et où le « telles qu’elles sont » (les choses, ou objets) est moins important que le « telles qu’elles apparaissent »…cette simple question va déterminer la quasi-totalité de l’histoire de l’Art.

 

Mais la recherche grecque la plus originale fut celle de l’individualisation. On est plus dans le recherche d’une production standardisée comme en Egypte, mais dans un sens du détail pour mieux représenter l’individu. L’Art grec c’est celui de la « Mimésis ».

 

Le paradoxe de cet idéal des Grecs, c’est qu’à la recherche de la vérité en Art, ne se substitue une constante recherche de l’illusion…

 

Histoire 1  

 

…cette surenchère dans l’illusion peut se résumer dans l’anecdote de Zeuxis et Pharassius : Zeuxis est 29 un peintre grec originaire d’Héraclée qui aurait vécu de 464 à 398 avant JC. Ses œuvres ont totalement disparues mais des écrits d’Anciens l’évoque comme étant l’un des plus grands peintres de l’Antiquité. Il maitrise l’art du trompe l’œil mais également le jeu des couleurs, les contrastes d’ombres et de lumière ce qui permet de donner l’illusion de l’espace.

En concurrence avec un autre peintre Parrhasius qui maitrisait les lignes et les contours. Ils relevèrent un défi pour déterminer qui était le meilleur peintre. Chacun se mis à peindre une fresque.

1/ Zeuxis présenta son tableau, il souleva le rideau qui cachait sa peinture. Cette fresque représentait une coupe de fruits avec des poires et du raisin. Des oiseaux se posèrent à coté de l’œuvre et commencèrent à picorer la grappe de raisin. Les oiseaux se heurtèrent aux murs et tombèrent. Tout le monde était stupéfait.

2/ Son rival, Parrhasius présenta sa fresque, chacun regarda le mur. Zeuxis lui demanda de lever le rideau mais le peintre ne bougea pas et lui répondit qu’il regardait déjà l’œuvre. On se rendit compte qu’il avait peint un rideau de manière si réaliste que personne n’avait vu l’illusion. Zeuxis s’avoua vaincu et félicita Parrhasius pour son illusion. 

  • Zeuxis n’avait réussi à tromper que des oiseaux tandis que son adversaire avait réussi à tromper un artiste ainsi que le jury. Zeuxis ajouta « J’ai mieux peint les raisins que l’enfant car si j’eusse aussi bien réussi pour celui-ci, l’oiseau aurait dû avoir peur ».

 

Justement Platon s’empare de cette course à l’illusion pour dénoncer les projets artistiques qui non seulement s’éloignent de la « vérité », mais pire, qui la déforment !

 

Mais une telle opposition de la part d’un homme aussi important que Platon ne va nullement empêcher que le statut de l’Art évolue vers une plus grande « autonomie » de l’artiste, et vers une recherche plus individualiste, et la possibilité qu’une œuvre d’art provoque une jouissance privée.

 

Histoire 2

 

29 Cette progression est apparente dans cette autre histoire racontée par Pline : il évoque le grand artiste Apelle

On sait ce qui se passa entre Protogène et lui : Protogène résidait à Rhodes;

1/ Apelle, ayant débarqué dans cette île, fut avide de connaître les ouvrages d’un homme qu’il ne connaissait que de réputation; incontinent il se rendit à l’atelier. Protogène était absent, mais un grand tableau était disposé sur le chevalet pour être peint, et une vieille femme le gardait. Cette vieille répondit que Protogène était sorti, et elle demanda quel était le nom du visiteur : «Le voici,» répondit Apelle; et, saisissant un pinceau, il traça avec de la couleur, sur le champ du tableau, une ligne d’une extrême ténuité.

2/ Protogène de retour, la vieille lui raconte ce qui s’était passé. L’artiste dit-on, ayant contemplé la délicatesse du trait, dit aussitôt qu’Apelle était venu, nul autre n’étant capable de rien faire d’aussi parfait. Lui-même alors, dans cette même ligne, en traça une encore plus déliée avec une autre couleur, et sorti en recommandant à la vieille de la faire voir à l’étranger, s’il revenait, et de lui dire : «Voilà celui que vous cherchez.»

3/  Ce qu’il avait prévu arriva : Apelle revient, et , honteux d’avoir été surpassé, il refendit les deux lignes avec une troisième couleur, ne laissant plus possible même le trait le plus subtil. Protogène s’avouant vaincu, vola au port chercher son hôte.

  • On a jugé à propos de conserver à la postérité cette planche admirée de tout le monde, mais surtout des artistes. J’entends dire qu’elle a péri dans le dernier incendie qui consuma le palais de César sur le mont Palatin. Je me suis arrêté jadis devant ce tableau, ne contenant rien dans son vaste contour que des lignes qui échappaient à la vue, paraissant comme vide au milieu de plusieurs excellents ouvrages, mais attirant les regards par cela même, et plus renommé que tout autre morceau.

  • Cette belle histoire ne marque pas l’invention de l’Art abstrait mais illustre la rivalité technique entre les peintres antiques, car cet art de l’illusion va longtemps reposer sur la maitrise technique des artistes…critère qui longtemps va demeurer le principal moyen de distinguer un grand artiste parmi les nombreux autres de son temps.

 

La Beauté est un thème que nous avons abordé en filigrane. Dans l’Antiquité, la Beauté n’est pas au centre, et sans être exclue du débat, son concept n’est pas fondamental. Déjà, dans le monde grec, il y a 2 faces : le monde apollinien et le monde dionysiaque.

 Apollon étant le Dieu de l’harmonie et de la mesure, tandis que Dionysos est celui du chaos, de l’excès !

 

1/ Beau=Bon (utile)    perfection technique

2/ Beau=Plaisir satisfaction sensible

3/ Beau=Harmonie (règles mathématiques)

 

30 Pour Platon le risque est que la sensibilité ne donne une vision fausse de la Beauté. Aristote reprend la Mimésis de Platon, mais lui accorde un sens positif par le biais de la catharsis.

En partant de l’harmonie, Pythagore donne une vision mathématique de la Beauté,  avec des proportions dont la mise en règles strictes va aboutir au Canon de Polyclète.

 

C’est une telle conception de la Beauté « harmonieuse » qui va traverser les siècles en Occident jusqu’à, au moins, la Renaissance.

 

 

Pour toutes ces raisons, l’Art de la Grèce antique nous est à la fois si familier, mais si différents. C’est par ses fonctions que cet Art diffère, il relie le beau à l’Utile, l’Esthétique n’a pas le plaisir pour fondement, mais c’est le rôle social et spirituel qui l’emporte. Notre vision esthétique leur semblerait si superficielle. On est pas dans le regard sur des œuvres d’art mais sur une vraie contemplation qui est au-delà de la vision, et qui serait alors une expérience spirituelle…cette « contemplation » va parcourir les siècles de l’Occident chrétien. Pour ce qui concerne le statut de l’artiste on est retombé sur la « technè ».

 

On peut observer une hiérarchie, fortement teinté de néoplatonisme :

 

  • les arts les moins nobles sont les plus proches de la nature (agriculture, médecine),

  • ensuite viennent les arts de l’imitation (peinture, sculpture, danse, pantomime),

  • les arts créatifs liés aux objets (architecture, musique, menuiserie)à qui imposent des formes nouvelles au sensible

  • les arts créatifs liés aux activités humaines ont une place élevée dans la hiérarchie (rhétorique, économie, politique,

  • le sommet de la hiérarchie des arts concernent les arts de l’intelligible (géométrie, sagesse).

 

 

Une Histoire de Formes

 

 

1. L’art géométrique

Attribué à l’atelier Hirschfeld, Terracotta krater, vers 750-735 avant JC © The Metropolitan Museum of Art

L’art géométrique est le mouvement artistique qui court en Grèce d’environ 900 à 700 avant JC. Cette période marque la fin des siècles obscurs, déclenchés par l’effondrement catastrophique de la civilisation mycénienne.

  • À cette époque, on trouve des poteries décorées en rouge et noir, avec des formes décoratives et des images d’animaux et d’hommes. Les artisans se servent principalement de formes géométriques, donnant au mouvement le nom que nous lui connaissons aujourd’hui. 

Les vases de cette période sont souvent des vases funéraires, utilisés pour contenir les cendres ou alors comme des pierres tombales. Mais il existe aussi des vases à boire, utilisés lors des symposiums. Ces rassemblements avaient lieu après un banquet et étaient le lieu où les hommes buvaient, conversaient et s’amusaient. Selon son usage, le vase présentait des images différentes sur sa surface. Les vases funéraires, par exemple, représentaient des scènes funéraires, tandis que les vases créés pour les symposiums montraient des scènes de réunion, de spectacle et de divertissement.

  • La narration jouait un rôle important dans l’art géométrique de la Grèce antique. Les scènes dépeintes racontent des histoires, qui doivent ensuite être interprétées par le spectateur. Pour les décrypter, il faut une très bonne compréhension du contexte historique, social et religieux. Ainsi, ces œuvres nous offrent des illustrations passionnantes de la mythologie, de la littérature et des pratiques grecques. 

 

 

 

2. L’art de la Grèce Antique : la période archaïque

À gauche: Anavysos Kouros, vers 530 avant JC; à droite : Peplos Kore, vers 530 avant JC © National Archaeological Museum, Athens; Acropolis Museum

 

Après l’art géométrique vient l’art archaïque, qui concerne l’art grec créé entre 700 et 480 environ avant JC. Au début de cette période, et en particulier entre 735 et 650 avant JC, l’art grec est influencé par les civilisations étrangères du Proche-Orient. C’est pourquoi, on appelle cette période la phase « d’orientalisation ».

 Au cours de la période archaïque, les représentations de l’homme deviennent de plus en plus réalistes, et les sculptures en pierre se popularisent. 

Les statues kuoros (homme) et kore (femme) datant de la période archaïque sont faites de calcaire et représentant de jeunes hommes et femmes. Les statues sont généralement de forme symétrique et ont souvent un pied placé légèrement en avant. Généralement faites en grandeur nature, certains exemples anciens mesurent jusqu’à 3 mètres de haut. Alors que dans un premier temps, on pensait que les kuoros et les kore étaient uniquement utilisés pour représenter le dieu Apollon, on a découvert depuis qu’ils avaient d’autres usages. Ces sculptures servaient également de pierres tombales commémoratives des défunts, de trophées pour les vainqueurs des jeux et d’offrandes aux dieux.

Outre la sculpture, la période archaïque a également vu fleurir la poterie décorée, héritée de la période géométrique. Les vases de style rouge et noir étaient extrêmement populaires. Ils représentaient souvent des humains et des animaux, richement décorés de motifs géométriques complexes.

 

3. L’art classique

Une photographie du Parthénon à Athènes © PNIK / Shutterstock

 

Au cours de la période classique de la Grèce antique, de 480 à 323 avant JC, Athènes s’est hissée au premier rang sur le plan politique, culturel et économique. Après la défaite des Perses en 479 avant JC, l’homme d’État athénien Périclès transforme l’Acropole d’Athènes en un monument témoignant du nouveau statut et de la puissance de la ville. Le temple construit par Périclès, le Parthénon, reflète la grandeur architecturale et artistique, encore aujourd’hui associée à la période classique de la Grèce antique.

Construit en marbre et richement décoré de sculptures, il abritait une énorme statue d’Athéna. Celle-ci était en or et en ivoire, de 12 mètres de haut, et conçue par le sculpteur Phidias. Le temple lui-même mesure 70 mètres de long et 30 mètres de large. Malheureusement, le Parthénon a subi de graves dommages au cours des derniers siècles. Après la destruction du centre du temple par des explosifs, Thomas Bruce vend les statues et objets restants au British Museum entre 1801 et 1803. 

La période classique de l’art grec ancien reste l’une des plus merveilleuses de l’histoire du monde. Les sculptures de cette période font preuve d’une grande liberté de mouvement et d’expression. Aussi, elles représentent leurs sujets d’une manière plus naturaliste que celle des périodes précédentes. Plutôt que de mettre l’accent sur la symétrie, les artistes privilégient des formes fluides et dynamiques, créant l’illusion qu’elles se déplacent dans l’espace.

 

 

4. L’art de la Grèce antique : la période hellénistique

Laocoön et ses fils, copie d’après un original hellénistique d’environ 200 avant JC, trouvé dans les thermes de Trajan, 1506 

 

La période hellénistique de l’art grec ancien s’étend de 323 à 31 avant JC. Suite à la mort d’Alexandre le Grand en 323 avant JC, l’empire macédonien a commencé à s’effondrer. Le terme « hellénistique » fait référence à l’expansion et à la diffusion des idées grecques pendant cette période. On parle parfois d’« hellénisation » du monde. Malgré la défaite de la Grèce face aux Romains, les tendances artistiques hellénistiques continueront à influencer fortement l’art gréco-romain. 

La période hellénistique est une période de prospérité et de richesse pour les classes supérieures.

 

Alors que la peinture sur vase perd en popularité, les formes d’art de la sculpture, de l’architecture et de la peinture s’épanouissent. Les sculpteurs grecs sont devenus si habiles techniquement que leurs sculptures transcrivent une beauté et un héroïsme parfaits, comme l’illustre l’œuvre Laocoön et ses fils datant d’environ 200 avant JC. Loin des poses symétriques et statiques de la période archaïque, ces figures sont dynamiques, débordantes de vie et d’émotion.

Un autre exemple célèbre de sculpture grecque hellénistique est La Victoire de Samothrace. Créée au début du 2ème siècle avant JC, elle est redécouverte au 19ème siècle. Cette sculpture est conservée au Louvre, où elle prend place au sommet du monumental escalier Daru. 

La Victoire de Samothrace, vers 200-185 avant JC © Musée du Louvre

 

L’art de la Grèce antique : un héritage vivant et infini

En conclusion, l’art de la Grèce antique couvre diverses périodes historiques. Il est nourrit de divers styles, chacun ayant une influence sur les périodes ultérieures.

 

 

 

TP   Venus de Milo  32

 

 

Question1  que remarque-t-on ?

 

  • l’absence de bras, la Beauté, l’Harmonie ?

 

Question2  quelle caractéristique de la sculpture grecque, l’absence de bras souligne-t-elle ?

 

Aphrodite ou Amphitrite…

 

  • symbole de Beauté, oui c’est une évidence…mais il s’agit d’une copie d’œuvres provenant de l’école de Praxitèle (sans doute un certain Scopas).

 

 

  • Son apparence était plus colorée : chair de couleur vive, bijoux en métal

 

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L’Aphrodite de Cnide par Praxitèle 33 a et b

 

Cette sculpture fragmentaire image principale image b est une copie romaine de l'Aphrodite de Cnide, une sculpture grecque très célèbre dans l'Antiquité. L'œuvre originale a été réalisée par Praxitèle vers 360 av. J.-C. et a été sculptée dans du marbre de Paros.

Dans l'Antiquité grecque et romaine, l'Aphrodite de Cnide fait partie des deux statues les plus             33 d admirées avec le Zeus d'Olympie, œuvre chryséléphantine du sculpteur Phidias, considérée comme l'une des Sept Merveilles du monde.

Une statue d'une grande beauté

 

Au Ier siècle apr. J.-C., soit quatre cents ans après sa création, Pline l'Ancien écrit dans ses Histoires naturelles que l'Aphrodite de Cnide surpasse toutes les œuvres « de la terre entière ». Il rapporte la célèbre histoire selon laquelle Praxitèle avait sculpté deux statues d'Aphrodite, l'une vêtue et l'autre nue, pour les villes de Cos et de Cnide. Les habitants de Cos choisirent la déesse vêtue, les habitants de Cnide celle qui était nue.

La statue nue fit pour des siècles la renommée de Cnide. Cette première représentation d'un nu féminin de taille humaine attira en effet nombre de voyageurs tout au long de l'Antiquité. Parmi eux, trois amis que met en scène le Pseudo-Lucien dans Les Amours : il raconte que l'un d'eux tomba amoureux de la sculpture, au point de se laisser enfermer dans le monument où elle était exposée afin de passer la nuit avec elle.

 

Cette attraction tenait en grande partie à la beauté de l'Aphrodite de Cnide, que l'auteur Athénée disait inspirée du corps de la belle Phrynè, la compagne de Praxitèle.

 

Enquête sur une statue disparue  CNOS/CNIDE

L'Aphrodite de Cnide connut un tel succès qu'elle fut sans cesse copiée et recopiée durant sept siècles, dès sa création, puis tout au long de l'Empire romain : pas moins de deux cents copies de différentes tailles et matières sont recensées à ce jour.

Mais, comme la plupart des statues grecques les plus célèbres, la sculpture de Praxitèle a aujourd'hui disparu elle semble avoir été détruite dans un incendie à la fin de l'Antiquité.

Pour étudier l'œuvre originale, il faut donc analyser les témoignages écrits, rarement contemporains, les copies plus ou moins fidèles, fragments, statuettes en bronze, en terre cuite… Le travail des historiens de l'art se fonde sur une discipline qu'ils nomment la « critique des copies » : ils tentent, à travers tous ces éléments, d'avoir l'idée la plus juste possible de l'œuvre originale. Les conclusions restent toutefois souvent incertaines.

 

L'invention de la nudité féminine

Toutefois à partir de ces éléments, une analyse globale de l'œuvre originale est possible.

La grande nouveauté de cette image de la déesse était la nudité. En effet, si le corps masculin nu est représenté dès le début de la sculpture grecque, le corps féminin ne se dévoile qu'à la fin du Vè siècle av. J.-C. dans la grande statuaire les effets de draperies mouillées 33 1 témoignent alors d'un regard nouveau porté sur la sensualité féminine.

Pour sculpter le corps d'Aphrodite, Praxitèle avait choisi le marbre, qu'il devait considérer comme mieux adapté au traitement du modelé des chairs.

Il faut imaginer cette sculpture polychrome. Les auteurs de l'antiquité nous apprennent en effet que la statue avait été peinte par le célèbre Nicias, admiré pour le rendu illusionniste des ombres et des lumières.

Une des copies romaines les mieux conservées, dite la Vénus du Belvédère 33 2, montre la déesse nue, debout, la tête légèrement tournée vers sa gauche, la main droite devant son sexe, la gauche prenant – ou déposant – une draperie sur le vase posé à côté d'elle.

La pondération est classique : l'appui sur la jambe droite et le relâchement de la jambe gauche entraînent une inclinaison du bassin qui se répercute selon un rythme croisé dans la position des épaules. Si cette attitude rappelle les créations athlétiques de Polyclète, les cuisses doucement rapprochées et le dos légèrement incliné en avant féminisent l'allure générale du corps qui s'offre au regard du spectateur. Cette construction est bien lisible sur le torse fragmentaire du musée du Louvre il révèle mieux encore le gonflement du triangle pubien image principale et, dans la vue de dos, l'inclinaison des épaules et la rondeur des hanches image b.

Quel était son visage ?

Si les auteurs de l'Antiquité vantaient la beauté du corps de l'Aphrodite de Cnide, ils n'étaient pas moins émerveillés par celle de son visage, « son léger sourire » (Pseudo-Lucien, Les Amours), « la douceur de son regard humide à l'éclat et à la bienveillance sans égale » (Lucien, Les Images).

Quel écho de cette forte impression les copies antiques nous livrent-elles ?

La même structure générale se retrouve invariablement dans toutes les copies : le triangle du front, les cheveux ondulés en bandeaux sur les tempes de part et d'autre d'une raie médiane, les yeux à la paupière inférieure s'effaçant dans la joue, la bouche petite aux lèvres légèrement entrouvertes.

Cependant, si certaines copies montrent un visage aux joues pleines 33 4, d'autres offrent un dessin plus aigu 33 5.

Quel est le sens de cette nudité ?

Malgré la présence de la draperie et du vase, l'Aphrodite de Cnide ne doit pas être considérée comme une simple déesse au bain. Tente-t-elle de dévoiler ou bien de cacher sa nudité ?

Les historiens de l'art ont voulu discerner plusieurs types, un type calme et un type inquiet dont l'évolution ultime serait l'Aphrodite pudique 33 3, qui dissimule son corps au regard étranger.

Toutefois, les témoignages antiques s'accordent pour dire que l'Aphrodite de Cnide exprimait une grande sérénité. Aphrodite, déesse de la beauté, déesse de l'amour, est la déesse céleste, fille d'Ouranos, puissance primordiale, source de fécondité.

Praxitèle et la sculpture du IVe siècle av. J.-C.

La carrière de Praxitèle est difficile à retracer. Athénien, fils de sculpteur, père de sculpteur, il fait partie de la génération des créateurs du IVe siècle av. J.-C. qui renouvellent les grandes inventions plastiques du début du classicisme. Ainsi, outre l'introduction de la nudité féminine dans la grande statuaire, Praxitèle propose de nouvelles formules dans la représentation du corps féminin drapé     33 6.

Par ailleurs, il privilégie le corps adolescent aux dépens du corps athlétique et confère une élégance sensuelle au nu masculin 33 7.

Autant de nouveautés qui rencontreront un succès sans pareil auprès des collectionneurs romains et conduiront à la multiplication des copies ou des réinterprétations de ses œuvres. Nous savons, par exemple, que l'homme politique romain Cicéron collectionnait des « têtes praxitéliennes », c'est-à-dire dans le style de Praxitèle, car il appréciait la sensualité et la douceur qui s'en dégageaient.

La personnalité de Praxitèle est sans doute complexe, et la recherche sur son œuvre reste d'actualité. Le sculpteur est ainsi considéré depuis peu comme l'auteur d'une tête colossale d'Artémis retrouvée sur l'acropole d'Athènes, qui relève d'un style monumental complètement différent 33 8.

Chapitre 4

L’Art byzantin ou la transition…

 

Byzance désignait la ville grecque précédant ­Constantinople, qui tirait son nom de son fonda­teur, Byzas. Mais les Byzantins ne se sont ­jamais appelés eux-mêmes comme tels : à leurs yeux, ils étaient romains, tout simplement. Le basileus était qualifié d’« empereur des ­Romains ». Constantin crée une nouvelle monnaie d’or, le solidus (ou nomisma), qui demeu­rera la monnaie de l’Empire byzantin et qui circulera à travers toute l’Europe.

C’est Théodose Ier (379-395) qui fait du christianisme la religion officielle de l’empire en 381, et c’est à sa mort, en 395, qu’a lieu la séparation définitive entre Empire romain d’Occident et Empire romain d’Orient. Ses deux fils héritent du gouvernement de cet empire partagé : à Honorius l’Occident et à Arcadius l’Orient

 

 

  • Cette période hérite de toutes les traditions artistiques de la Grèce et de Rome : La caractéristique la plus marquante de cette nouvelle esthétique est qu'elle est abstraite, non naturaliste. Si l'art classique est marqué par la tentative de créer des représentations de la réalité les plus fidèles possibles, l'art byzantin semble avoir renoncé à cette tentative en faveur d'une approche plus symbolique.

  • Riegl la voit comme une évolution naturelle des tendances préexistantes dans l'art roman, tandis que Strzygowski la considère comme le résultat des influences « orientales ». 

 

Très rapidement la montée de la puissance chrétienne envahit l’espace culturel et va aboutir à une confrontation virulente :

 

 « Tu ne feras pas d'idole ni aucune image des cieux et tu ne te prosterneras pas devant eux » (Exode) ; « l'heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l'adorent l'adorent en esprit et en vérité »  (Jn, 4, 23-24)

 

 

38 La querelle des images

 

La Querelle des images est un moment majeur de l'histoire byzantine.Elle oppose les iconoclastes aux iconodoules sur la problématique de la représentation figurée en matière religieuse. Les origines de cet affrontement restent confuses. La Vie de Nicélas de Médikon illustre l'imbrication des enjeux comme l'ampleur de la crise : « les autres hérésies ont été suscitées par des évêques et des clercs [...], tandis que celle-ci vient des empereurs [...]. Les autres hérésies ont été créées et raffermies peu à peu dans les débats, tandis que celle-ci a tiré du pouvoir impérial une force extrême dès le départ. » Le débat sur les limites du pouvoir de l'empereur sur l'Eglise apparaît au cœur de la problématique. Preuve en est une expression attribuée à Léon III : « Je suis empereur et prêtre ». Les questions politiques, religieuses et sociales ne doivent cependant pas conduire à négliger celles liées à l'art proprement dit.
 

  • La vénération des images est un phénomène tardif en contexte chrétien, les textes du Nouveau Testament n'y font pas allusion et le succès de la prédication des trois premiers siècles ne lui doit rien. Si l'art paléochrétien se développe au IVe siècle, il existe à cette époque des témoignages de destruction d'images dans les églises, geste assumé par les autorités ecclésiastiques en voie d'intégration dans le cadre impérial romain. Le culte des images chrétiennes s'affirme au VIe siècle. Par la suite, les sources à la disposition des historiens introduisent un certain biais de l'analyse dans la mesure où, au terme de la période, c'est le parti iconophile qui triomphe. Les arguments du parti hostile aux images religieuses ont donc tendance à être dévalorisés dans les corpus sur lesquels travaillent les chercheurs.

  • Cette lutte qui a débuté au 4ème siècle sous Constantin va durer de longs siècles et va marquer une partie du Moyen-Âge. Dans cette bataille, on retrouve la vieille opposition entre Platon et Aristote, entre celui qui se méfie de l’art et des représentations, et celui qui a décidé de se « servir » des images pour l’éducation mais aussi pour le spirituel.

 

https://hemed.univ-lemans.fr/cours2014/fr/autoformation/ressources/seq3/co/grain_02.html

 

  1. La Querelle des images est un moment majeur de l'histoire byzantine.Elle oppose les iconoclastes aux iconodoules sur la problématique de la représentation figurée en matière religieuse. Les origines de cet affrontement restent confuses. La Vie de Nicélas de Médikon illustre l'imbrication des enjeux comme l'ampleur de la crise : « les autres hérésies ont été suscitées par des évêques et des clercs [...], tandis que celle-ci vient des empereurs [...]. Les autres hérésies ont été créées et raffermies peu à peu dans les débats, tandis que celle-ci a tiré du pouvoir impérial une force extrême dès le départ. » Le débat sur les limites du pouvoir de l'empereur sur l'Eglise apparaît au cœur de la problématique. Preuve en est une expression attribuée à Léon III : « Je suis empereur et prêtre ». Les questions politiques, religieuses et sociales ne doivent cependant pas conduire à négliger celles liées à l'art proprement dit. La vénération des images est un phénomène tardif en contexte chrétien, les textes du Nouveau Testament n'y font pas allusion et le succès de la prédication des trois premiers siècles ne lui doit rien. Si l'art paléochrétien se développe au IVe siècle, il existe à cette époque des témoignages de destruction d'images dans les églises, geste assumé par les autorités ecclésiastiques en voie d'intégration dans le cadre impérial romain. Le culte des images chrétiennes s'affirme au VIe siècle. Par la suite, les sources à la disposition des historiens introduisent un certain biais de l'analyse dans la mesure où, au terme de la période, c'est le parti iconophile qui triomphe. Les arguments du parti hostile aux images religieuses ont donc tendance à être dévalorisés dans les corpus sur lesquels travaillent les chercheurs.

  2. une stricte application de la Bible signifie de lutter contre le « veau d’or » dont les sculptures et les peintures sont un symbole. 38 En 762, le Pape Léon III brise l’image du Christ à l’entrée de son palais et la remplace par une simple croix. C’est le point fort de l’offensive des Iconoclastes, qui verra se dérouler une vraie guerre civile entre eux et les Iconophiles. Ces derniers arguent du fait que le Christ est l’image visible d’un Dieu invisible (Imago Dei), ce qui leur permet de représenter Dieu à travers lui.

  3. Une autre étape est d’accepter que de telles images soient l’objet d’un culte, ce qui sera admis par le second concile de Nicée (787), en admettant que les images reçoivent un culte de moindre importance que Dieu lui-même, et que « l’image n’est qu’une transition vers son modèle, Dieu ».

 

En 843, l’Impératrice Théodora met fin à la querelle !

 

Cette querelle va avoir des conséquences sur une grande partie de l’histoire de l’Art, car non seulement elle a porté sur les sujets que l’on est en droit de peindre, mais aussi sur la manière de les peindre, et donc sur les formes de la représentation.

 

Durant une grande partie du Moyen-Âge, va ainsi exister une réelle tension entre une nécessaire dissemblance avec le monde terrestre, et une indispensable ressemblance avec le monde de l’au-delà. Le défi de l’artiste de ces temps sera de stimuler la spiritualité, sans pour autant susciter l’idolâtrie.

 

Sur le plan pratique cela va donner lieu à des consignes strictes :

 

  • Contrairement à l’art romain, il n’y a pas lieu d’individualiser les corps et  les visages,

  • Le corps compte peu, il est souvent dissimulé par le vêtement,

  • Le visage doit être représenté de face, car il doit se donner en complétude,

  • Les yeux doivent être tournés vers le spectateur, le regard est intense et favorise l’échange,

  • Le front est toujours haut et bombé pour signifier la spiritualité, l’intelligence, la sagesse,

  • Le nez est mince et long pour éloigner de l’animalité,

  • Les lèvres sont fines et fermées pour suggérer la silence et la contemplation.

 

 

 La construction de l’image est tout aussi codifiée :

 

  • L’espace ignore la perspective et les éléments du décor ne sont pas reliés entre eux,

  • Les lignes de fuite ne convergent pas dans le tableau, mais vers l’œil du spectateur,

  • L’emploi des couleurs n’obéit à aucun réalisme,

  • La lumière est un élément fondamental de la transcendance prêtée à l’image, et la lumière apportée par les peinture ordinaire ne suffisant pas, c’est l’or qui va « enluminer » l’icône et la sortir des ténèbres.

 

 

 

 

TP        les Temps incertains…   de l’Antique au Monde Grec

 

39 Portrait de femme, dite l’européenne (120-130)     et 39 ex-voto du sanctuaire Gallo-Romain de Halatte (IIIème siècle).

 

https://salle16borisvian.e-monsite.com/medias/files/fiche-ravenne.pdf

 

 

Cette opposition n’est pas fortuite, on est là, en pleine querelle de la fonction de l’Art : Certains recherchent la beauté dans la représentation parfaite et l’harmonie, tandis que d’autres sont dans la vénération et où l’œuvre d’art n’a pour seule utilité de faire transiter sa foi en un ou plusieurs Dieux. L’offrande et l’ex-voto en exprime le mieux son rôle.

 

Certains deviennent les « zographoï » ou « peintres de la vie », tandis que les autres sont des artisans répétant les mêmes formes pour la satisfaction des donateurs, leurs commanditaires.

 

La coexistence de ces deux œuvres est sidérante. Cela démontre à quel point l’Art n’est pas linéaire et sans parler de régression, on peut évoquer des histoires divergentes.

 

L’Européenne

 

 

 

 

Ce portrait funéraire a été retrouvé, avec d’autres, dans la région du Fayoum, située près du Caire, en Égypte. Le portrait était placé sur le visage du défunt, et serré dans les bandelettes de la momie. En ce début du IIe siècle, l’Égypte était romaine et commençait à se christianiser.

 

 

Pour la réalisation de ce portrait, des pigments naturels ont été mélangés à de la cire d’abeille, puis étalés sur une planchette de bois. L’encaustique permet de donner de la transparence et du volume au tableau. Les couleurs sont restées particulièrement vives, alors que deux mille ans nous séparent de leur utilisation, preuve que la technique utilisée permettait un travail de grande qualité et de bonne tenue dans le temps. Des feuilles d’or, qui symbolisent l’immortalité, on été appliquées sur le cou et une partie du vêtement.

 

 

Les yeux étonnamment grands de la jeune femme nous fascinent... Elle tourne légèrement son visage vers la droite, pas vers le spectateur. Tu peux remarquer un point blanc dans chaque œil, c’est ce qui donne vie au regard.

 

 

 

Elle esquisse un sourire. Ses oreilles sont grandes et pointues, elles sont ornées de boucles précieuses. Les cheveux sont tirés en arrière, tenus par un bijou en or. Une broche ovale, dans laquelle une émeraude est enchâssée, vient retenir le vêtement jaune et rouge. La carnation de la peau est veloutée.

 

 

L'influence de l'art byzantin fut sensible en Europe occidentale dès le règne de Charlemagne, qui entretenait des relations étroites avec Byzance. Elle s'est ensuite manifestée, notamment en Italie, dans l'architecture religieuse, lors du développement du style roman aux Xe et XIe siècles. La contribution des intellectuels byzantins émigrés lors de la chute de Constantinople fut également très importante à la Renaissance.

 

 

L’univers Gallo-Romain et Mérovingien

 

Le Pilier des Nautes  à

 

Ces blocs de pilier votif, découverts en 1711 lors de travaux dans la cathédrale Notre-Dame, sont exceptionnels par la dédicace à Jupiter de la confrérie des nautes de Lutèce, datée du règne de Tibère d’une part et par les légendes épigraphiques apportées aux images des dieux celtes d’autre part.

Les divinités gauloises comme Esus ou Cernunnos côtoient les romaines (Jupiter, Vulcain ou Mars), de sorte que le monument est un exemple unique du syncrétisme en Gaule romaine au début de l’Empire.

 

Ce pilier est le plus ancien monument de Paris connu (début du Ier siècle de notre ère). Ses vestiges (partiels et dégradés) ont été découverts en 1710 sous Notre Dame et sont aujourd’hui exposés au Musée National du Moyen Age (Thermes de Cluny).

Ses faces témoignent de la rencontre de deux cultures, celte et romaine, qui se sont affrontés puis mêlées avant de disparaitre. Les sculpteurs nous livrent aussi des indices sur la vie des gallo-romains en pleine prospérité, notamment grâce aux échanges avec l’Empire de Rome au début de la « pax romana ». Il représente des divinités celtes et romaines dans un ensemble monumental dédicacé par les bateliers de Lutèce à l’empereur Tibère.

Cet assemblage de 4 blocs de calcaire sculptés sur 4 faces (+ un socle et une possible statue au sommet) faisait de 5 à 6 m de hauteur et environ 80/100 cm à la base.

Son emplacement était probablement sur l’Ile de la Cité, près de l’ancien port antique. Il devait frapper les visiteurs venant découvrir la cité gallo-romaine, ses quartiers et ses monuments (théâtre, amphithéâtre, forum, thermes,…).

 

Au IIIe siècle, les quatre blocs de pierre qui formaient le pilier furent brisés en deux et utilisés pour renforcer les fondations des murs le long de la Seine. Au fil du temps, l'île de la Cité s'est légèrement agrandie de sorte que les quais du IIIe siècle se trouvent désormais à une douzaine de mètres des rives du fleuve moderne1.

La cathédrale Saint-Étienne fut fondée par Childebert en 528 sur l'emplacement du temple gallo-romain ; la cathédrale Notre-Dame de Paris fut à son tour construite au-dessus en 1163.

 

 

 

Les premiers temps de l’Islam

 

  • L'islam n'est pas né dans un environnement de vertes prairies, de clairs ruisseaux et de douces collines. Son berceau est le désert aride d'Arabie où les chameaux parcourent parfois de vastes distances sans pouvoir se nourrir. Les puits sont si rares que les hommes ou les bêtes peuvent mourir de soif. Ce milieu hostile, les habitants de cette région, les Arabes, le redoutent d'autant plus qu'ils pensent que des génies malfaisants (les djinns) se cachent partout ; aussi sont-ils particulièrement superstitieux. Tous, aussi bien les nomades sous les tentes que ceux qui demeurent dans les rares cités caravanières ou à l'ombre d'oasis, vivent en groupes selon le mode tribal. Une tribu comporte plusieurs clans, chacun composé d'un certain nombre de familles. Tout individu est obligatoirement rattaché à un clan ; même l'esclave affranchi doit bénéficier, provisoirement ou de façon définitive, de la protection d'une famille.

  • Depuis le IVe siècle, l'Arabie est entourée de royaumes chrétiens, que ce soit au nord, celui de l'empereur byzantin, ou au sud, celui de l'empereur éthiopien. Au Yémen, des tribus arabes se sont aussi converties au christianisme. Or, ce dernier est souvent hétérodoxe dans la mesure où diverses doctrines concernant la nature du Christ n'ont cessé de fleurir. À Éphèse, en 431, les évêques réunis en concile œcuménique ont condamné le christianisme nestorien qui affirme deux natures séparées dans le Christ. En 451, au concile de Chalcédoine, ils ont déclaré erroné le christianisme monophysite qui voit dans le Christ la seule nature divine. Les chrétiens monophysites restent toutefois nombreux en Égypte et en Abyssinie (Éthiopie). Un grand nombre d'évêques, de prêtres et de moines avaient en effet trouvé refuge dans le désert syrien pour échapper aux persécutions perpétrées par l'Église byzantine contre les hérétiques.

  • Les Arabes du centre de l'Arabie, qui conduisent les caravanes vers la Syrie ou le Yémen, s'étonnent sans doute de ces ermites solitaires qui ne s'enflent pas d'orgueil, ne se battent pas et ne possèdent rien. Leur religion ne leur sert pas à acquérir des biens. À l'opposé, les Arabes païens rendent un culte à des puissances protectrices, dans des endroits « protégés » et sacralisés. Ils leur sacrifient des chameaux pour se les concilier. Pour ces hommes du désert, les « divinités » qui protègent doivent être puissantes.

  • La Mecque, dirigée par la tribu des Quraychites, doit son importance à un cube de pierre qui sert de domicile à un grand nombre de ces puissances tutélaires auxquelles, de partout, on vient en pèlerinage offrir des sacrifices. Outre un lieu de rassemblement connu dans toute l'Arabie, elle est aussi une ville refuge qui accorde le droit d'asile à quiconque le demande, arabe ou non.

  • Le moine chrétien Nestorius, persécuté pour ses positions hérétiques consistant à voir dans le Christ deux natures séparées – la nature humaine et la nature divine – serait venu se réfugier à La Mecque au Ve siècle. C’est là que Mahomet et ses disciples vont se révolter contre les autorités politiques et religieuses pour réformer la société.

 

Les expressions arts de l'Islam et art islamique 1 désignent la production artistique qui s'est développée depuis l'hégire (622 de l'ère chrétienne) jusqu'au XIXe siècle dans un territoire s'étendant de l'Espagne jusqu'à l'Inde et habité par des populations de culture islamique2.

L'art produit dans le contexte du monde islamique présente une certaine unité stylistique due aux déplacements des artistes, des commerçants, des commanditaires et des œuvres. L'emploi d'une écriture commune dans toute la civilisation islamique et la mise en valeur particulière de la calligraphie renforcent cette idée d'unité. D'autres éléments ont été mis en valeur, comme l'attention portée au décoratif et l'importance de la géométrie et des décors tapissants3. Toutefois, la grande diversité des formes et des décors, selon les pays et les époques, amène souvent à parler plus d' « arts de l'Islam » que d'un « art islamique ». Pour Oleg Grabar, l'art d'Islam ne peut d'ailleurs se définir que par « une série d'attitudes vis-à-vis du processus même de la création artistique »4.

Les arts de l'Islam ne sont pas proprement religieux : l'Islam est ici considéré comme une civilisation plutôt que comme une religion5. Contrairement à une idée reçue, il y existe des représentations humaines, animales et même de Mahomet : celles-ci ne sont bannies que dans les lieux ou ouvrages religieux (mosquées, madrasas, Corans), en dépit de quelques exceptions6.

 

Les premiers objets islamiques sont très difficiles à distinguer des objets antérieurs, sassanides et byzantins, ou déjà omeyyades. En effet, l'islam naît dans des régions où l'art semble avoir été peu abondant9 mais entouré d'empires remarquables par leur production artistique. C'est pourquoi, dans les premiers temps, les artistes islamiques utilisent les mêmes techniques et les mêmes motifs que leurs voisins10. On connaît notamment une abondante production de céramique non glaçurée, comme en témoigne un célèbre petit bol conservé au musée du Louvre dont l'inscription assure sa datation dans la période islamique11. Ce bol provient d'un des seuls sites archéologiques qui permet de suivre le passage entre monde préislamique et islamique : celui de Suse en Iran12.

 

L'architecture prend de nombreuses formes spécifiques dans le monde islamique, souvent en liaison avec la religion musulmane : la mosquée en est une mais les madrasa, les lieux de retraite, etc. sont autant de bâtiments typiques des pays d'Islam adaptés au culte78. Il est évident que l'architecture a évolué au fil des siècles. Les croyants se contentaient initialement de places en plein air, musallas, ou encore d'édifices religieux d'autres religions (comme les églises en pays chrétiens) pour leurs lieux de prière. Ce n'est qu'à partir du VIIIe siècle qu'ils firent un premier chantier conséquent, à Damas, leur capitale syrienne. Il s'agit de la Mosquée des Omeyyades, dont le plan reprend l'architecture des basiliques chrétiennes et païennes (vaisseau à trois nefs parallèles couvertes de charpentes). L'innovation fut cependant le plan en largeur du mur de fond (remplaçant le plan en profondeur), dont le mihrab indique la direction vers La Mecque et dont la qibla indique le sens de prière79.

 

L'art du livre regroupe à la fois la peinture, la reliure, la calligraphie et l'enluminure, c’est-à-dire les arabesques et les dessins des marges et des titres88.

On divise traditionnellement l'art du livre en trois domaines distincts : Arabe pour les manuscrits syriens, égyptiens, de Jezirah, et du Maghreb voire ottomans (mais ceux-ci peuvent aussi être considérés à part), Persan pour les manuscrits créés dans le domaine iranien surtout à partir de la période mongole et Indien, pour les œuvres mogholes. Chacun de ces domaines possède son style propre divisé en différentes écoles avec leurs propres artistes, leurs conventions, etc. Les évolutions sont parallèles même s'il semble évident que des influences ont eu lieu entre écoles et même entre domaines géographiques avec les changements politiques et les fréquents déplacements des artistes : les artistes persans ont ainsi beaucoup essaimé chez les Ottomans et en Inde, notamment89.

 

 

 

 

 

Pendant cette époque à l’autre extrémité de la Terre :   L’Eternelle Chine

 

 

La Chine ancienne couvrait un paysage géopolitique vaste et changeant, et l'art qu'elle produisit pendant trois millénaires était, sans surprise, tout aussi varié. Cependant, malgré les développements techniques autochtones continus, les changements de matériaux et de goûts, et l'influence des idées étrangères, il existe certaines qualités inhérentes à l'art chinois qui permettent de le décrire en termes généraux et de le reconnaître, quel que soit le lieu ou l'époque où il fut produit, et quel que soit sa finalité. Ces qualités essentielles comprennent l'amour de la nature, la croyance en la capacité morale et éducative de l'art, l'admiration de la simplicité, l'appréciation du travail accompli au pinceau, l'intérêt pour l'observation du sujet sous différentes perspectives et la fidélité à des motifs et dessins souvent utilisés, des feuilles de lotus aux dragons. L'art chinois influencerait énormément celui de ses voisins d'Asie de l'Est, et l'appréciation mondiale de ses réalisations, en particulier dans les domaines de la céramique, de la peinture et du travail du jade, se poursuit jusqu'à nos jours.

 

La finalité de l'art

Une différence importante entre la Chine et de nombreuses autres cultures anciennes est qu'une grande partie des artistes chinois n'étaient pas des professionnels, mais des gentilhommes amateurs (et quelques dames) qui étaient également des érudits. Élèves de Confucius et de ses principes sobres, ils étaient souvent des hommes de lettres qui publiaient des poèmes. L'art était, pour eux et leur public, un moyen de capturer et de présenter l'approche philosophique de la vie qu'ils appréciaient. C'est pourquoi l'art qu'ils produisirent était souvent minimal et sans artifice, voire parfois un peu austère aux yeux des Occidentaux. Pendant la majeure partie de l'histoire de la Chine, l'art était censé exprimer le bon caractère de l'artiste et non pas simplement exposer ses compétences artistiques pratiques. Des principes confucéens tels que la bienséance ou le li étaient recherchés par nombre de ceux qui produisaient et consommaient de l'art.

En Chine, les véritables arts de valeur étaient la calligraphie et la peinture.

Naturellement, il y avait aussi des artistes professionnels, employés par la cour impériale ou par de riches mécènes pour décorer les murs et les intérieurs de leurs beaux bâtiments et de leurs tombes. Il y avait aussi, bien sûr, des milliers d'artisans qui transformaient des matériaux précieux en objets d'art pour les quelques personnes qui pouvaient se les offrir, mais ils n'étaient pas considérés comme des artistes au sens moderne du terme. Les véritables arts de valeur en Chine étaient la calligraphie et la peinture.

 

  • Si le monde de l'art souffre aujourd'hui d'un certain snobisme, les Chinois furent peut-être les premiers à se poser la question de savoir ce qui était de l'art et ce qui n'en était pas.

 

Il se développa en Chine une connivence avec l'art, de sorte que de plus en plus de gens devinrent des collectionneurs. Des textes furent imprimés pour guider les gens dans l'histoire de l'art chinois, avec des classements utiles des différents mérites des artistes du passé. D'une certaine manière, l'art devint quelque peu standardisé, avec des conventions à respecter. Les artistes devaient étudier les grands maîtres et copier leurs œuvres dans le cadre de leur formation. L'une des sources les plus célèbres et les plus durables de conseils sur l'appréciation de l'art est la liste en six points du critique et historien de l'art du VIe siècle de notre ère, Xie He, publiée à l'origine dans son Record annoncé de peintres anciens, aujourd'hui perdu.

 

  • Lorsqu'il examine les mérites d'une peinture, le spectateur doit évaluer les éléments suivants (le point 1 étant le plus important et le plus essentiel) :

 

  1. La résonance de l'esprit, c'est-à-dire la vitalité.

  2. La méthode du Trait, c'est-à-dire l'utilisation du pinceau.

  3. Correspondance avec l'objet, c'est-à-dire représentation des formes.

  4. L'adéquation au type, qui concerne l'application de la couleur.

  5. La division et la planification, c'est-à-dire le placement et l'arrangement.

  6. La transmission par la copie, c'est-à-dire la copie de modèles. (Tregear, 94)

 

Ces règles relativement rigides de création et d'appréciation de l'art étaient donc largement dues à la croyance que l'art devait d'une manière ou d'une autre profiter au spectateur. L'idée, ou mieux, l'acceptation que l'art puisse et doive exprimer les sentiments des artistes eux-mêmes n'est apparue qu'à une époque plus moderne. Cela ne veut pas dire qu'il n'y avait pas, comme dans tous les arts du monde, des excentriques qui ignorèrent les conventions et créèrent des œuvres à leur manière inimitable. On trouve en Chine des cas d'artistes qui peignaient en musique sans même regarder le tableau, d'un autre qui ne peignait qu'en état d'ébriété et utilisait sa casquette au lieu d'un pinceau, de ceux qui se servaient de leurs doigts ou de leurs orteils pour peindre, et même d'un artiste de l'action qui éclaboussait d'encre la soie étalée sur le sol de son atelier et faisait ensuite glisser un assistant sur cette soie. Malheureusement, les résultats de ces innovations n'ont pas survécu pour être appréciés aujourd'hui dans les musées d'art asiatique du monde entier.

 

Calligraphie de Li Po

Li Bai (Public Domain)

 

La calligraphie

L'art de la calligraphie - et pour les Chinois de l'Antiquité, il s'agissait bien d'un art - visait à démontrer une maîtrise et une habileté supérieures dans l'utilisation du pinceau et de l'encre. La calligraphie s'imposa comme l'une des principales formes d'art chinoises sous la dynastie Han (206 av. J.-C. - 220 ap. J.-C.) et, pendant les deux millénaires qui suivirent, tous les hommes instruits étaient censés la maîtriser. Certaines femmes, ou du moins certaines personnalités de la cour, devinrent des calligraphes accomplies, notamment Lady Wei (272-349 de notre ère), censée avoir enseigné au grand maître Wang Xizhi (303-361 de notre ère).

Bien plus qu'une simple écriture, l'art de la calligraphie utilise les différentes épaisseurs des coups de pinceau, leurs angles subtils et leurs liens fluides les uns avec les autres - tous disposés avec précision dans des espaces imaginaires sur la page - pour créer un ensemble esthétiquement plaisant. La calligraphie devint l'un des six arts classiques et anciens, au même titre que le rituel, la musique, le tir à l'arc, l'attelage et les chiffres.

 

La Sculptuaire chinoise

 

L'armée de terre cuite (兵马俑, bīngmǎ yǒng, « figurines de guerriers et de chevaux enterrés avec les morts »), ou armée d'argile, est un ensemble de près de huit mille statues de soldats et chevaux en terre cuite, représentant les troupes de Qin Shi Huang, le premier empereur de Chine. Elles représentent une forme d'art funéraire, car elles ont été enterrées dans les fosses du mausolée de l'empereur Qin, à proximité de la ville de Xi'an, dans le Shaanxi, en 210–209 av. J.-C. Cette « armée enterrée », dont les statues ont quasiment toutes un visage différent, était destinée à protéger l'empereur défunt.

Ces statues, qui datent de la fin du IIIe siècle av. J.-C.1, ont été découvertes en mars 1974 dans le xian de Xiyang2 par des agriculteurs. Leur taille varie suivant leur grade au sein de cette armée, celles figurant les généraux étant les plus grandes. Elles représentent des fantassins, des cavaliers, des chevaux et des chars. En 2007, les archéologues qui fouillent le site ont estimé que les trois fosses dans lesquelles repose l'armée de terre cuite contiennent plus de huit mille soldats, cent trente chars tirés par cinq cent vingt chevaux, auxquels il faut rajouter les cent cinquante chevaux montés par des cavaliers. La plus grande partie de ces statues est enterrée dans la fosse no 1, qui se situe à côté du mausolée de l'empereur Qin3. En plus des soldats, on trouve dans ces fosses des statues de civils, dont des membres de l'administration, des acrobates et des musiciens.

Photos GBouillaut Toulon

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